Chanteuse et compositrice française, Pauline Paris s’inscrit dans la lignée des musiciens de variété française avec une caractéristique, la poésie, le texte emprunté à des auteurs.
Pauline Paris et Elisa Frantz décident de mettre en musique et en dessin treize poèmes de Renée Vivien, célèbre poétesse, des années 1900, dans son dernier album livre, « Treize poèmes ». Le clip vidéo de « Chanson pour mon ombre » est sorti en mars 2021.
La musique, et notamment la scène, est un monde que Pauline côtoie depuis de nombreuses années. Elle a joué au Lucernaire et dans bien d’autres lieux. Théâtre jeune public, « Michka » et « Marlaguette », que Pauline a interprété.
Son art se situe entre art dramatique et musique, littérature et poésie.
Son personnage s’inspire des plus grands artistes français, de titi parisien, Edith Piaf à Gainsbourg. Après quatre albums à son actif : « Sans sucre s’il vous plait », « Le grand jeu », « Carrousel » et « Treize poèmes », sa puissance et son énergie se mêlent à sa douceur et à sa sensualité.
L’œuvre classique, symbolique de Renée Vivien a été source d’inspiration. Pauline met en musique et chante ses vers mélangeant les genres et les sons : folk, jazz et bossa nova.
Le clip vidéo de « Chanson pour mon ombre » a été tourné dans le cadre unique du Bouillon Julien à Strasbourg-Saint Denis, à Paris, avec Rafael Leroy à la basse et Duncan Roberts à la guitare.
Interview : Pauline Paris
-Comment vous êtes-vous lancée dans la musique ?
PP : J’ai appris le solfège à huit ans lorsque je suivais des cours de violoncelle au Conservatoire. J’ai commencé à jouer de la musique réellement à quinze ans. Je prenais la guitare de ma sœur et je composais et écrivais des chansons dans ma chambre. Très vite, j’ai joué dans des bars lors de soirées avec des amis. Ma culture musicale vient des bistrots parisiens. J’y ai fait mes rencontres artistiques. J’ai continué dans la musique tout en faisant une licence d’anglais. A un moment, je me suis lancée totalement. Mon idée était d’aller chercher le public. Lorsque mon premier album est sorti, « Sans sucre s’il vous plait », on avait organisé une tournée dans les vingt arrondissements, dans l’ordre du 1er au 20ème. L’idée était d’aller chercher le public, dans chaque quartier, en mettant en valeur les bistrots culturels de Paris. La musique évoque pour moi partage, rencontres et spontanéité.
-Les différents domaines artistiques sont liés. Vous avez en effet une expérience de la scène parisienne avec les spectacles pour enfant. Comment avez-vous abordé ces différents projets ?
PP : J’ai écrit quatre albums dont « Treize poèmes ». Puis, j’ai également fait mes gammes au théâtre. La rencontre avec Simon Bensa m’a permis de créer avec lui deux spectacles pour enfants. Nous avons adapté ensemble et écrits les chansons : « Marlaguette » et « Michka » (de la collection du Père Castor).
Je suis une personne instinctive et je crois beaucoup aux rencontres. Je suis capable de me jeter corps et âme dans un projet qui me plait. Simon m’a convaincue de me lancer dans cette aventure de théâtre pour enfants. J’ai eu un coup de cœur pour sa manière d’écrire. Nous avons écrit les chansons à deux. Le théâtre Lucernaire nous a ensuite accueillis. Je n’avais pas vraiment de connaissances en art dramatique. J’ai appris pendant les répétitions. J’aime l’idée de collaborer. On apprend avec l’inspiration de l’autre. La musique est merveilleuse lorsque les arts se mêlent entre eux. L’art sert un autre art.
-Auteur, compositrice et chanteuse, dans quel genre musical vous situez-vous ? Quelles sont vos influences ?
PP : J’écris de la chanson swing. Cela est très varié. Je fais rarement un album qui ressemble à un autre album. A la base, ce sont des structures de chansons, avec différentes influences, dans la nouvelle scène actuelle, autour de la chanson, dans le swing. Le style est plus intimiste et épuré, dans celui de la musique de Léonard Cohen, pour mettre en avant les poèmes. Le jazz est une influence qui revient sans cesse dans mes structures et mes accords.
Dans « Treize poèmes », le livre disque qui est sorti en 2019, ce sont des poèmes de Renée Vivien que j’ai ensuite mis en musique. Le clip-vidéo de « Chanson pour mon ombre » est sorti ce mois-ci.
-Des textes personnels aux poèmes de Renée Vivien. Comment avez-vous fait ce choix de treize poèmes et pourquoi ?
PP : Renée Vivien est une poétesse du début du 20ème siècle, qui écrivait des poèmes lesbiens. J’ai trouvé son histoire incroyable pour l’époque. Elle était libre d’écrire et de penser. Elle montrait beaucoup d’ouverture et de délicatesse. Elle m’a donc fascinée puis inspirée. J’ai eu envie de travailler sur ses écrits. Les poèmes étaient très mélodiques. J’ai mis moi-même beaucoup de temps à écrire des chansons sur ce sujet. Cette poétesse a été oubliée avec le temps. J’ai inconsciemment senti une injuste. Je me suis reconnue en elle. J’ai eu envie de parler d’elle, de son œuvre qui est très fleurie et imagée. On y retrouve beaucoup de métaphores. J’ai plus cherché à écrire des mélodies épurées, à y ajouter très peu d’instruments, pour faire ressortir les vers, pour que l’on puisse écouter avec simplicité ce langage. Hélène Hazera, en 2017, m’a fait découvrir Renée Vivien lors de son émission « Chanson Boum ! », sur France Culture. J’ai adhéré et j’ai commencé par écrire la mélodie de « Je t’aime d’être faible ».
-Retrouve-t-on la même sensibilité avec des textes déjà écrits plutôt qu’avec des textes personnels?
PP : Avec cette reprise, je suis plus détachée. J’adhère et j’aime tous les poèmes que j’ai mis en musique. Le fait d’avoir un rôle de compositrice me permet d’avoir une approche plus légère au point de vue du texte et de l’interprétation.
Pour le clip vidéo de « Chanson sur mon ombre », je me suis inspirée d’une photo de Renée Vivien où on la voit déguiser en costume d’époque napoléonienne avec son grand chapeau blanc, une redingote. M’inspirer de cette photo est un clin d’œil. J’ai ajouté les moustaches.
J’ai trouvé plus facile de créer un personnage dans ce projet de Renée Vivien que pour mes propres chansons où je suis sans cesse dans le doute et la remise en question. Je n’ai pas écrit ces poèmes, j’ai donc un recul sur le texte qui me permet d’en jouer et de m’amuser.
J’utilise la musique avec différentes méthodes possibles. Nous lisons à l’école les œuvres de beaucoup de poètes, souvent des hommes. A 32 ans, j’ai découvert cet auteure, une femme de 1900 qui écrit ses poèmes librement, avec clarté et révèle son amour pour les femmes. J’ai voulu en parler, rappeler que cela existait.
-Apres la sortie de l’album, quels sont vos projets?
PP : Un premier clip-vidéo sort ce mois-ci, « Chanson pour mon ombre ». Le prochain sortira en avril, « L’éternelle tentatrice ».
« Treize poèmes » a été Coup de cœur de l’Académie Charles Cros 2020.
Le livre disque est sorti aux Editions Erosonyx . Nous sommes en train de travailler en trio avec les deux musiciens que l’on voit dans le clip-vidéo, Rafael Leroy et Duncan Roberts. Nous pourrons faire de la scène en trio avec ces poèmes lorsque la situation sanitaire le permettra.
« Treize poèmes »
Pauline Paris
Poèmes de Renée Vivien
Sortie du clip-vidéo « Chanson pour mon ombre »
http://www.youtube.com/Pauline Paris/ Chanson pour mon ombre
Coup de cœur de l’Académie Charles Cros 2020
Disponible chez Quart de Lune/ ErosOnyx