Musique

« Perspectives et Avatars », le nouvel album de Laura Perrudin

Musicienne, harpiste, autrice, compositrice, Laura Perrudin est une artiste française complète. La harpe est son instrument de prédilection. Plus précisément, la harpe chromatique électronique qu’elle est la seule au monde à utiliser. Elle présente son troisième album « Perspectives et Avatars ». Sortie le 10 octobre 2020.

A la fois pop, soul et électrique, les genres se mélangent.

« Impressions », premier album sorti en 2015, présentait déjà les caractéristiques d’une musique éclectique, avec pour instrument la harpe chromatique. En 2017, une nouvelle composition, « Poisons et antidotes » confirme cette originalité.

Aujourd’hui, il s’agit de « Perspectives et avatars », un nouvel album composé de douze titres qui a donné lieu à de nombreuses collaborations : Philippe Katherine, Mélissa Laveaux, Becca Stevens (« The w Word »), Emel Mathlouthi, Ian Chang.

Laura Perrudin a fait de chaque chanson un personnage, un avatar. Sur scène, elle utilise certaines techniques pour augmenter l’effet particulier de cette musique créant ainsi la surprise : pédales d’effet, laptop et looper multipistes. Elle a participé aux Transmusicales de Rennes, Eurosonic Noorderslag, PopKultur Festival Berlin, MaMA et s’est produite sur de fameuses scènes, dont le théâtre antique de jazz à Vienne, au Winterjazz Festival de New York, à l’EFG London Jazz Festival et à Jazz à la Villette lors du Paris Jazz Festival. Après son dernier concert à Paris, Laura Perrudin sera en tournée en France.

Interview : Laura Perrudin


– La harpe est votre instrument de prédilection, singulier et difficile. Pourquoi l’avoir choisi?


LP : Coïncidence !! Lorsque j’étais encore une enfant, la musique était très présente dans mon quotidien. J’ai un souvenir marquant qui a sûrement été un déclic. Un jour, une amie de ma mère est venue à la maison avec un disque de harpe. Je l’ai écouté chaque soir pour m’endormir pendant des mois.

Mon père était percussionniste et ma cousine faisait de la musique électronique. Il y a toujours eu des instruments autour de moi. Très tôt, j’ai écouté toutes sortes de musiques et j’ai commencé à chanter, à bidouiller le son avec des machines…

Mon approche de la musique est à l’origine non académique. Lorsque j’ai voulu apprendre la harpe,  j’ai intégré un conservatoire pour apprendre à jouer, pendant près de dix ans. J’ai une formation classique, mais ce n’est pas ma première approche de la musique.


– Vous êtes la 1er musicienne au monde à jouer de la harpe chromatique électrique,
quel est votre ressenti ?

LP : Il y a deux étapes. Cette recherche instrumentale a pris plus de dix ans de ma vie. J’ai commencé par la harpe celtique, un instrument assez contraignant harmoniquement car il n’y a pas toutes les notes d’un clavier sous les doigts. Le système mécanique est complexe et pour jouer certaines harmonies, il faut actionner des mécaniques. Il y a donc moins de liberté dans certaines musiques, par exemple, dans le jazz que j’ai beaucoup pratiqué et qui a influencé mon langage harmonique. Je ne pouvais pas exprimer tout cela avec la harpe.  J’ai plus développé cela au piano. J’ai ensuite cherché à jouer d’une harpe qui serait faite différemment. Et j’ai été amenée à travailler avec un luthier qui avait fait une harpe chromatique. La première étape a été de tout réapprendre pour jouer de cette harpe chromatique. La deuxième étape a été de me permettre de jouer avec de l’électronique, de sculpter le son. Le travail avec le luthier a été d’en faire une harpe chromatique électrique. Elle a une double spécificité. Elle conjugue les possibilités d’un piano et d’une guitare électrique.     

     

– Les influences musicales sont nombreuses, selon vous à quel genre appartenez-vous?

LP : J’ai des influences différentes. Classer ma musique dans un genre reste difficile. Pour cet album, je le définirai comme de la pop. Ce sont des textes chantés sur des mélodies. Cette pop a une dimension expérimentale, il y a un travail particulier sur le son et l’écriture. Il est très influencé par le jazz, le hip hop et la musique électronique et par différents genres musicaux. Le terme pop est vaste ce qui me permet de laisser les choses ouvertes.



– Quels sont vos moments de création et comment composez vous ce fameux mélange de classique et de modernité ?

LP : Les moments de création sont multiples, éparses et n’ont pas tous la même forme. Je suis sur différents fronts à la fois, j’écris des textes, de la musique. Je fonctionne avec la matière sonore. Je passe parfois beaucoup de temps à chercher des sons avec des machines. Les compositions peuvent partir d’un son, d’un rythme, d’un texte. L’étape suivante est la mise en musique de texte, puis vient les arrangements. L’exercice est protéiforme et change sans cesse.

Lorsque je compose des chansons, je pars du texte et je le mets en musique. J’ai plus de facilité à créer la musique que le texte. Il contient une musique en lui même et un schéma.

Je ne perçois pas la harpe comme un instrument classique,  au contraire cet instrument est aussi protéiforme et universel que la percussion et la voix. Je l’utilise comme un outil pour faire du son. Je ne pense pas créer une passerelle entre classique et modernité, j’utilise simplement un outil.



– Vous présentez aujourd’hui « Perspectives et Avatars » .En quoi cet album est-il différent?

LP : Cet album se base sur un procédé d’écriture précis. Chaque chanson est écrite du point de vue d’un personnage donné, d’un avatar que je me suis créé qui peut être une personne, un animal, un objet et même une idée abstraite. Ce jeu d’écriture porte sur les intentionnalités, sur l’interprétation, sur le style musical. La musique va être liée à l’histoire racontée. « Poisons et antidotes », le précédent album, avait  une grande partie assez contemplative. J’ai ressenti une frustration, après quelques concerts, en termes d’énergie. J’avais envie de quelque chose de plus dansant, de rythmiquement plus groove. J’ai tenu compte de ce paramètre dans l’écriture de ce dernier album. J’ai voulu sortir de ce côté contemplatif.

– Cette période est difficile pour le monde artistique, pour les évènements culturels,
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des messages? A travers la musique les faites- vous passer?

LP : Avec la crise sanitaire, le monde est chamboulé, surtout dans le domaine artistique. Les gens doivent repenser leur travail, leur façon de procéder et trouver des solutions pour pouvoir continuer à vivre, à avoir une vie culturelle et sociale.

A travers mes textes, je fais effectivement passer des messages. Ce medium, la chanson, me permet de m’exprimer différemment par rapport à une communication directe au premier degré. La musique laisse une marge d’interprétation et réveille des choses singulières chez chacun d’entre nous.

Le dernier titre « The W world » avec en invitée la chanteuse Becca Stevens est une réflexion sur la chasse aux sorcières. De lectures en réflexions, j’en suis arrivée à me dire que les accusations de sorcellerie qui s’abattaient sur de nombreuses femmes, pendant la Renaissance, étaient probablement des prétextes pour écraser celles qui se montraient trop savantes, trop indépendantes et donc gênantes. Cette chanson est une réflexion sur ce sujet. Je fais aussi un parallèle avec l’histoire de l’art où de nombreuses femmes ont été effacées des encyclopédies, des anales de la musique, de la peinture etc… Cette femme artiste, dans ce titre, devait disparaître, symboliquement ou littéralement.

 « Perspectives et avatars »

Laura Perrudin

Nouvel album, sortie le 09/10/2020

Single : « The W Word », avec Becca Stevens

http://www.lauraperrudinmusic.com

Tournée :

12.09 Paris (Jazz à La Villette)

20.09 Musée des Beaux-Art de Nancy (Nancy Jazz Pulsations) 

25.09 Boulogne-sur-Mer (Festival Poulpaphone)

3.10 Marciac (Astrada)

11.10 Beauvallon (Rhino Jazz)

14.10 Tourcoing Jazz

16.10 La Cartonnerie – Reims (Sunny Side Festival)

7.11 Roanne (Théâtre)

8.11 Valmondois (Jazz au Fil de l’Oise) (duo acoustique avec Louis Winsberg)

10. 11 Tarbes (Le Parvis) (duo acoustique avec Thibault Florent)

11.12 Rennes (Antipode)

15.01 Aix-en-Provence (Le Petit Duc)

7.03 Vezelay (Cité de la Voix)

29.03 Besançon (Scène nationale)

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