
Artiste, plasticien, dessinateur et sculpteur, Nicolas Daubanes, originaire de Marseille, présente la série « L’Huile et l’Eau », au Palais de Tokyo à Paris, dans le cadre du prix qui lui a été attribué en 2018 : lauréat du Prix des Amis du Palais de Tokyo. L’exposition aura lieu du 21 février au 5 mai 2020.
L’univers artistique de Nicolas est singulier, entre réalité et imaginaire. Il s’appuie sur des thèmes différents dont la vie, la mort, l’enfermement, le lieu clos, la condition humaine et les formes sociales. Il dessine, recrée, retravaille des images et sculpte. Il est aussi question de temps et de vitesse, entre passé et devenir. Les images et les matières se transforment avec le temps. L’artiste trouve un intérêt particulier à l’objet représentatif, aux similitudes possibles. Par exemple : la limaille de fer utilisée dans le dessin renvoie aux barreaux des prisons et aux limes de fer permettant l’évasion.
Il réalise une installation montrant son application à la retranscription. Pour les dessins au scotch sur verre, il utilise un motif personnel s’approchant de la question de l’espace carcéral et de cette impossible liberté. Différentes prisons ont servi de décor ou support à la création de l’artiste : Nancy’s Charles III prison, dessins muraux à la poudre d’acier aimantée, Vue de l’exposition Mezzanine Sud, « les Abattoirs », Toulouse, 2017, calepinage des carreaux du sol du rez-de-chaussée de la prison du Fort Montluc, les Baumettes, quartier femmes mineures Céramique dentaire, 2017 ; « Les Mains Sales », exposé à la Galerie Maubert, en 2017, collection FRAC PACA.
Les dessins sur papier à la poudre d’acier aimantée, donnent une impression de carte postale ancienne.
Nicolas travaille à partir de textes, d’œuvres littéraires ou musicales, tels que « Les mains sales », de Jean Paul Sartre, où encore, la pièce « We are men / I am a man », en référence à la révolte de la prison d’Attica, en 1971, aux Etats-Unis.
L’exposition met en avant les formes de résistance. Nicolas a collaboré avec le rappeur musicien Akhénaton, du groupe IAM, qui a prêté sa voix pour interpréter différents textes et extraits. Un dispositif sonore fait partie de l’installation.
@Les Milles en feu, dessin à la poudre d’acier aimantée, 160 x 300 cm, 2019
Interview, Nicolas Daubanes :
-Comment avez-vous commencé votre activité artistique ?
ND : J’ai commencé à m’intéresser à l’art lorsque j’avais une vingtaine d’années. La visite d’une exposition de Joël Hubaut, aux Abattoirs de Toulouse, a été un réel choc. J’ai décidé, à ce moment là, de commencer des études d’art. J’ai suivi des cours à l’école Heart, à Perpignan. J’ai poursuivi dans le domaine artistique mon activité de dessin et de sculpture, trouvant rapidement mon style.
-Vous avez une attirance particulière pour le thème carcéral. Que représente-t-il pour vous ? Que vous inspire-t-il ?
ND : Lorsque je réalisais des ateliers d’art pour enfant, à Perpignan, on m’a proposé de faire un atelier en milieu carcéral pour mineur, à Toulouse. J’ai accepté et cela m’a inspiré. Le sujet est assez fort et ma sensibilité m’a orienté vers les autres, m’oubliant moi-même, face aux difficultés des autres. C’était si fort que la création autour de ce sujet est devenue une évidence. J’ai donc découvert le milieu carcéral. Il est question d’enfermement, de blocage. J’ai donc engagé un travail d’observation dans l’idée de m’oublier moi-même, loin d’une approche autobiographique. J’ai élargi le spectre de lecture. S’intéresser aux autres est un moyen de trouver des solutions pour soi. Il y a une sorte de détournement dans mon travail qui se base aussi sur la décision.
-Quelle est votre technique ? Quels matériaux utilisez-vous ?
ND : Pour cette série exposée au Palais de Tokyo, j’utilise la poudre de fer aimantée. Je dispose des éléments de papier magnétique et j’y jette la poudre de fer qui est retenue.
Dans une autre technique, j’utilise du béton dans lequel je joins du sucre, en référence à l’utilisation qu’en faisaient les résistants pendant la seconde guerre mondiale. Ils ajoutaient du sucre dans les bétonnières pour fragiliser la construction des bunckers. Je fais un important travail de recherche par rapport à ce que je produis.
-Comment vous-êtes vous retrouvé dans ce projet artistique ? Quelle a été votre collaboration avec Akhenaton du groupe IAM ? Quelle a été votre rencontre ?
ND : Tout d’abord, je suis très heureux d’avoir été sélectionné par le jury du Prix des Amis du Palais de Tokyo. J’ai donc remporté le Prix 2018, qui me permet d’exposer aujourd’hui « L’Huile et l’Eau », une série, qui a ouvert mes champs de vision et mon envie de collaborations.
Après réflexion et essai, j’ai souhaité rencontrer Akhénaton, du groupe IAM, pour travailler sur des extraits de livres, sur des textes forts de résistants. Il représente, pour moi, le personnage à même de parler de ces situations difficiles, de l’emprisonnement, de la recherche de liberté, par l’image qu’il véhicule aujourd’hui, un rappeur défendant des idées, des envies de liberté, une révolte sociale et culturelle de la jeunesse. Il y a chez lui de la bienveillance et de la force. Sa coloration de voix correspond bien à cette idée là. Nous avons beaucoup échangé sur nos vies artistiques. Ce travail a été fait avec simplicité et générosité de sa part. Puissance et résistance se retrouvent dans ce genre musical, dans le rap. Cela correspond exactement à ma démarche. Je fais appel à la culture populaire pour mes créations. Le titre « L’Huile et l’Eau », fait référence au film « Le Parrain ». Il fait écho aux prises de décisions face à la société dans laquelle nous vivons. L’huile et l’eau sont une forme de résistance.
@Nicolas Daubanes, dessin poudre de fer aimantée
« L’Huile et l’Eau »
Exposition de Nicolas Daubanes
Prix des Amis du Palais de Tokyo 2018
Commissaire d’exposition : Franck Balland
Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson, 75016 Paris
Du 21 février au 17 mai 2020
Vernissage : jeudi 20 février 2020
Galerie Maubert
20 rue Saint Gilles, 75002 Paris
Expositions à venir :
Nomen Nescio, Château d’Oiron (21.03.2020 au 31.05.2020)
Orca, aux Glacières à Bordeaux (03.04.2020 au 05.06.2020) dans l’exposition collective Confinement : Politics of Space and Bodies au Contempory Arts Cenetr (CAC) de Cincinnati, USA (jusqu’au 1er mars 2020)
Drawing Now Paris (25.03.2020), stand Galerie Maubert