Pour la 230ème édition, le Salon des artistes français, exposition d’art, de peintures, de photographies, de gravures, de sculptures, dans le cadre d’Art Capital, a lieu au Grand Palais, du 12 au 16 février 2020.
Créé par Colbert sous Louis XIV, en 1663, il avait lieu au palais des Champs-Elysées.
Depuis 1901, la Société des artistes français expose sous la nef du Grand Palais. La critique d’art, à l’époque, a débuté à l’occasion de ce salon. Ainsi, Baudelaire, Diderot, Fromentin, et d’autres intellectuels célèbres ont commenté les œuvres.
Des artistes du monde entier sont exposés. Présidé par Martine Delaleuf, il offre un panorama des artistes et des œuvres actuelles, tout en remontrant les créations du passé. Le salon a un devoir d’héritage et de mémoire, les connaissances se partagent entre anciens et modernes. Les 600 artistes contemporains ont la possibilité de se faire connaitre et concourent devant un jury averti. L’art est au centre de cet évènement culturel réunissant des artistes internationaux.
Cette édition est construite autour de thèmes variés et de trois siècles d’archives. Les artistes Francis Bellanger pour la peinture, Véronique Laurent-Denieuil pour la gravure, Carole Demerin pour la photographie et Bruno Madelaine pour la sculpture seront mis en avant. La Géorgie est l’invitée d’honneur du salon.

Interview de Martine Delaleuf
– Quelle a été votre rencontre avec l’art ? Comment vous-êtes vous retrouvée à présider cet évènement culturel « Le Salon des artistes français » ?
MD : L’art a toujours été ma plus belle passion. C’est le grand fil conducteur de mes choix professionnels comme de mon épanouissement personnel. J’ai d’abord préparé mon diplôme aux Beaux-Arts de Paris, ensuite je me suis dirigée vers l’architecture, dont je suis également diplômée. Après cela, je me suis entièrement consacrée à la peinture. J’ai exposé dans de nombreux pays, dans le cadre d’expositions collectives ou personnelles. Je suis aussi devenue secrétaire générale de l’association des Peintres officiels de l’armée, rôle pour lequel j’ai été nommée Chevalier des Arts et des Lettres en décembre 2019. En parallèle à ces diverses activités, je suis depuis 2013, la présidente du Salon des Artistes Français et de la section Architecture du Salon. Plus qu’un événement culturel, le Salon, représente à mes yeux, tout un véritable pan de l’Histoire de l’Art. J’apprécie particulièrement ce salon pour son exigence artistique et sa superbe histoire. Le salon existe tout de même depuis 1667 !
– Comment envisagez-vous l’art aujourd’hui ? Quels sont les critères déterminants pour la participation d’un artiste au salon ?
MD : L’art est aujourd’hui plus que jamais surprenant, éclectique. Depuis qu’il a été créé sous l’époque fastueuse de Louis XIV, le salon a souvent surpris par son audace. Par exemple, en 1785, la célèbre sculpture de Houdon, Diane, choque le public du salon et l’œuvre sera même retirée pour cause « d’indécence » ! Autre exemple : la peinture Olympia, que l’on ne présente plus, de Manet en 1865. Le jury a accepté cette peinture et s’est retrouvé face à un des plus gros scandales de l’histoire de l’art. On se pressait en masse dans la fameuse salle 11 où se trouvait Olympia ! Les visiteurs étaient tellement outrés de ce choix que la peinture a même dû être déplacée ! A ce jour, on considère que c’est l’œuvre de Manet qui a le plus suscité de réactions, pour la plupart à l’époque, négatives. Aujourd’hui encore, l’art possède ce caractère insolent comme on a pu le remarquer récemment avec la banane de Maurizio Cattelan à Art Basel. Et c’est justement, pourquoi l’art est si passionnant.
Nous sélectionnons l’oeuvre et non l’artiste. Nous ne nous basons pas sur des critères particuliers pour sélectionner l’œuvre qui sera exposée. Seule exigence : nous émouvoir, nous émerveiller. Nous représentons des artistes attachés à leur métier plus qu’aux effets de mode et à la valorisation de leurs œuvres sur le marché de l’art. Nous les choisissons tous au coup de cœur. Nous cherchons autant des artistes émergents – auxquels nous offrons un superbe coup de projecteur sous la nef du Grand Palais – que des talents confirmés. Cette année, nous avons sélectionné un peu plus de 600 artistes sur 1100 candidatures reçues. Leur point commun ? ces artistes représentent la vitalité de la création actuelle et l’effervescence qui anime le monde de l’art en France et à l’international.
– Selon l’intitulé, nous parlons de salon des artistes français. Pourtant le salon a ouvert ses portes aux artistes internationaux. Quelle est pour vous l’importance d’ouvrir les frontières, les horizons ?
MD : Cette dénomination peut paraître trompeuse puisque le salon expose depuis longtemps des artistes de l’étranger. Il s’agit plutôt d’un label de qualité et de savoir-faire à la française reconnue aux quatre coins du monde. Cette année, nous avons sélectionné des artistes venus de 15 pays différents tels que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, les États-Unis, … en tout, ils représentent près d’un quart des artistes exposés. L’échange d’idées entre artistes de toutes les nations et le dialogue des cultures a toujours été l’une des premières préoccupations du salon. S’ouvrir à la scène internationale est très important pour embrasser ce que représente la scène artistique actuelle dans toute son exhaustivité.
De plus, depuis de nombreuses années, nous organisons des échanges culturels artistiques avec d’autres pays. Nous avons déjà reçu l’Académie des arts de Moscou, l’École des beaux-arts de Hongrie ou encore des talents reconnus de Chine. Cette année, nous sommes heureux d’accueillir des artistes de Géorgie s’engageant activement dans la vie culturelle nationale.
– La tradition et l’héritage d’œuvres d’art doivent se confondre avec la modernité et la nouveauté. Est-ce un réel enjeu ? une importante organisation ?
MD : Bien sûr, c’est un réel enjeu pour nous car notre salon se veut représentatif de l’art dans sa globalité. Nous cherchons à mettre en avant la scène artistique d’aujourd’hui dans le respect d’une tradition de goût que les grands noms de l’Histoire de l’art n’auraient pas renié tout en restant attentifs aux évolutions et aux enjeux de la création contemporaine. Nous avons d’ailleurs fait une exposition de street-art il y a trois ans : une première ! Cette année encore plus, la tradition et la modernité seront entremêlées. En effet, nous fêtons la 230ème édition du salon et nous avons décidé de montrer au grand public notre joyau le plus précieux : nos archives ! Vieilles de plus de trois siècles, elles démontrent l’importance du salon au cours de l’Histoire de l’art. Cette exposition totalement inédite et exceptionnelle dévoilera des catalogues anciens, des fiches d’inscriptions, des plans originaux, des affiches du salon, des photographies, …

Salon des artistes français
230e édition dans le cadre d’Art Capital
Au Grand Palais, Paris
Du 12 au 16 février 2020
Vernissage mercredi 11 février 2020