« Next Génération(s) » est un projet qui réunit différents artistes, notamment de street-art autour d’un projet de création sur plusieurs années, entre 2019 et 2022, dans un cadre patrimonial. La Condition publique, lieu de création et de diffusion avec une programmation pluridisciplinaire, place Faidherbe à Roubaix, invite une vingtaine d’artistes à créer et investir les champs de l’urbanisme et de l’innovation sociale.
Après le succès de l’exposition, « 40 ans d’art urbain », le centre d’art propose « Next Génération(s) », l’art urbain des métropoles, sous la direction de Jean-Christophe Levassor.
Ce laboratoire créatif est conçu pour permettre aux artistes de s’exprimer et de développer leur projet. Il s’agit d’art sous différentes formes, lié au patrimoine, alliant éco et développement durable.
Les artistes résidents pour ce projet sont des artistes confirmés : Saddo X Zerm, jeune artiste de street-art et le collectif d’architecte roubaisien Zerm, Parkour 59, association art et mouvement urbain, Zerm, collectif d’architectes roubaisien, Quintessenz, Nasty, artiste graffeur connu pour son travail sur la typographie de son nom, explore notre rapport au numérique et à la rue, le collectif 9ème concept + LX One invités à expérimenter de nouvelles démarches innovantes, et Sylvain Ristori, qui s’approprie un lieu en dehors des murs pour lui redonner vie, pour la saison 2019.
Africa 2020, avec les artistes Bernard Akoi Jackson et Kelvin Haizel, l’artiste Yinka Llori, et Paolo Cirio, artiste qui s’interroge sur l’impact d’internet dans la société.
Le challenge art et numérique sera initié en 2020.Un partenariat a été créé avec les collectivités territoriales. L’aboutissement de ce projet donnera lieu, en 2022, à une grande exposition, autour des œuvres des artistes en résidence.
@Natsy, Nicolas Lee/ Parcours Art Urbain, Rémi Rough, Stéphane Bisseuil
Interview de Jean Christophe Levassor,
-Directeur du centre d’art de Roubaix, la Condition publique, quelle est votre principale mission par rapport au développement de ce centre d’art, ce nouveau « laboratoire créatif » pluridisciplinaire, entre art, créativité, urbanisme et développement durable?
JCL : Le projet global de La Condition publique consiste à mettre en dialogue des projets artistiques, des enjeux urbains, des problèmes environnementaux. Il s’agit de rassembler des acteurs de mondes différents et de les faire se rencontrer afin que des projets puissent naître. Next génération(s) souhaite faire se rencontrer des artistes et un territoire. La ville de Roubaix, loin d’être épargnée par la crise, est un territoire passionnant qui a un patrimoine historique et humain incroyable. L’enjeu consiste donc à mettre en relation l’héritage et les artistes.
-Quelle est votre vision de l’art urbain aujourd’hui en France et dans le monde ? A quels artistes feriez-vous référence ?
JCL : Le mouvement urbain est arrivé, ces dernières années, à un foisonnement des formes. Les recherches sont de plus en plus singulières et propres à chaque artiste, avec une course à la viralité, diffusion rapide et imprévisible d’un contenu sur internet, dans le même temps que se démocratise cette forme d’intervention artistique. Il y a une revendication des artistes pour cet art. Ils souhaitent être considérés comme des artistes à part entière, avec une liberté artistique et ne pas être cantonnés aux graffitis dans la rue.
Au-delà des artistes qui ont envie d’aller dans différentes formes d’art, certains domaines interagissent, la danse, le mouvement, la musique. L’approche est plus numérique et la réalité plus augmentée. Nous sommes dans une hybridation des formes et des supports. Chaque artiste a une approche singulière, en s’imprégnant du lieu dans lequel il intervient ou en s’attachant plus à la relation aux gens. La Condition publique a travaillé, cette année, avec Sylvain Ristori, artiste sculpteur sur bois. Il cherche, à travers ses œuvres, à révéler un patrimoine. Je suis très intéressé aussi par le travail de Quintessenz, association de deux artistes graffeurs, Thomas Granseuer et Tomislav Topic. Autodidactes du graffiti et formés ensuite aux Beaux-arts ou au design, ils abordent, dans leurs travaux, le thème de la couleur. Elle est assez forte dans leur installation. Ils lui redonnent de la valeur dans leurs formes abstraites. Les couleurs sont révélées.
Gonzalo Borondo est un artiste avec qui j’aimerais travailler. Il conçoit ses installations comme de véritables spectacles.
-Next Génération(s) est un projet qui s’étend sur 3 ans, en quoi peut-on parler de nouvelles formes de l’art urbain ?
JCL : Les artistes arrivent à la Condition publique avec une technique. Il y a l’idée de la rencontre des artistes et du territoire. Leurs propositions mûrissent pendant leur résidence. Ils trouvent des formes spécifiques à ce territoire. La question de l’hybridation est dans la logique de cette résidence.
Des partenariats sont faits pour les soutenir avec des séries d’acteurs qui ont des compétences dans d’autres domaines et peuvent enrichir le travail des artistes.
-Émergence des jeunes artistes. Comment faites-vous le choix des résidences ?
JCL : L’équipe de la Condition publique fait un travail de prospection. Nous avons un comité éditorial et nous en discutons ensuite. Il faut aussi que les artistes soient disponibles car certains ont des carrières internationales très fortes. En ce qui concerne les artistes émergents, nous organiserons un challenge art urbain et numérique. Des artistes de champs différents constitueront des équipes. Ces équipes devront imaginer comment intervenir dans la rue, avec des dispositifs innovants. Un jury décernera est une bourse au projet le plus intéressant. Ainsi, ce hackathon artistique, dont la première édition est prévue pour l’automne 2020, permettra de révéler des talents émergents.
-Comment envisagez-vous la portée finale de ce projet, en 2022 ?
JCL : Je souhaite que ce projet continue au delà de 2022 bien sûr ! 2022 sera l’année d’une exposition en forme de bilan et de perspectives. Cela permet à la Condition publique de marquer un temps. Le bilan de ces résidences est prévu et permettra à l’équipe de se projeter, par la suite, avec les différents partenariats. Notre projet est d’organiser, pour 2022, une grande exposition, qui se nourrira des travaux des différents résidents et qui ira plus loin.
@Parcours Art Urbain, Nicolas Lee, Jef Aerosol/ Yioka Llori, Skatepark/ Parcours Urbain, Vhils, Stephane Bisseuil
Next Génération(s)
2019/2022 Art Urbain
La Condition Publique
Place Faidherbe à Roubaix
Vers une grande exposition, 2022