Cinéma Culture

Cinéma et histoire récente : « Les uns contre les autres », de Victor Dekyvère, « Friday Night », d’Alexis Michalik, courts-métrages diffusés sur France 3, dans l’émission Libre court

 

Victor Dekyvère, journaliste sur Arte, puis France Culture, scénariste et réalisateur, notamment du court « Le Manège », a réalisé un court-métrage sur le thème des événements récents du 13 novembre 2015, intitulé « Les uns contre les autres » produit par Sedna Films.

A l’occasion de l’anniversaire de ce moment tragique, son court-métrage et celui d’Alexis Michalik, « Friday Night », seront diffusés, sur Fance 3, thématique « Fluctuat Nec Mergitur », dans l’émission « Libre court » consacrée aux courts-métrages, le 22 novembre 2019.

Le sujet est d’actualité. Quatre ans après les événements du 13 novembre 2015, il s’agit de replacer la gravité de cette tragédie dans un contexte différent.

Alexis Michalik, auteur et metteur-en-scène, plonge le personnage principal de son court-métrage « Friday Night », dans une quête, retrouver sa fille, dans une ville en danger.

Victor Dekyvère, s’y intéresse et place ses cinq personnages dans une maison à la campagne où l’annonce de cet événement par les médias, les bouleverse.

La télévision interroge les liens entre cinéma et histoire récente, deux visions différentes du monde dans lequel nous vivons.

@Photos: Pacôme Sadek, « Les uns contre les autres », de Victor Dekyvère

 

Interview de Victor Dekyvère

-D’où vous vient cette attirance pour le 7ème art ? Comment avez-vous commencé à réaliser des films ?

VD : Je ne viens pas d’une famille particulièrement cultivée, mais j’ai toujours ressenti le besoin de raconter des histoires. J’ai commencé par le théâtre, ça me semblait plus « facile », puisqu’il suffisait de quelques comédiens, d’un texte et d’un lieu pour créer. Ma dernière pièce a tourné dans plusieurs villes (Avignon, Paris, Lille). J’étais frappé de voir que mon spectacle – du fait de l’endroit, du public, des comédiens- n’était pas tout à fait le même d’un jour à l’autre, et ça me frustrait ! C’est aussi l’époque où je me suis pris de passion pour le cinéma, j’ai pensé qu’il fallait que j’essaye. J’ai réuni une petite équipe technique, et c’est parti ! Les tournages se sont professionnalisés avec le temps, en trouvant une productrice, des financements, etc. Je prépare actuellement mon premier long métrage.

-Journaliste, chroniqueur, scénariste et réalisateur, vous êtes au plus près de l’actualité, et surtout de l’actualité culturelle. Est-ce pour cela que vous avez choisi de traiter, dans le court-métrage « Les uns contre les autres », un sujet sur les événements récents en France ?

VD : Avant de collaborer avec 28 minutes d’Arte, j’ai travaillé quatre ans pour « Ce soir (ou jamais !) », l’émission de débat animée par Frédéric Taddeï sur France télévision. Nous tentions de mettre en relief les différences de pensées, d’opinions, de prendre un pas de côté par rapport à l’information brute délivrée par les chaînes d’informations. Je crois que le cinéma, comme les débats d’ailleurs, ont un rôle important à jouer dans nos vies. La fiction nous tend un miroir, elle permet de ressentir, de réfléchir, elle ouvre à la discussion.

-Comment avez-vous construit le scénario de ce court ?

VD : Comme dans le film, le vendredi 13 novembre 2015, j’étais avec des amis dans une maison de campagne. L’isolement et le choc nous ont rendus tour à tour agressifs, cyniques, protecteurs ou égoïstes, avides de tendresse… Avec le recul des semaines, cette situation de retrait, en groupe, à la campagne, m’a semblé particulièrement symbolique, propice à l’écriture d’une forme de conte moral. J’ai voulu utiliser ce réel pour mieux m’en départir, réinjecter dans la fiction l’analyse que les semaines passées à discuter, ensuite, ont fait naître

-Les personnages sont-ils représentatifs de la génération actuelle et en quoi ?

VD : Mettre en scène des gens autant connectés, aux médias, aux smartphones, etc., que déconnectés de la réalité, me semble être un paradoxe pertinent aujourd’hui.

-S’exprimer à travers les films est-il pour vous libérateur ? Avez-vous essayé de contourner la gravité de l’événement du 13 novembre avec cette fiction en prenant le parti de l’aventure, de la surprise ?

VD : A l’époque, il n’était pas question pour moi de montrer frontalement la violence que nous avions déjà trop vue dans les médias. J’ai voulu, grâce à la forme même du film, aller vers la poésie. Le début très réaliste, rapide, hystérique, télévisuel, de l’arrivée du groupe dans une maison de vacances se dilate au fur et à mesure des événements. Les plans courts, au plus proche du réel, du trivial, de l’intimité du groupe, évoluent vers un traitement au parti pris artistique plus marqué : longueur des plans, arrivée métaphorique de la neige… Mais il n’était pas non plus question de nier le réel. J’ai scrupuleusement veillé à ce que la chronologie des attentats soit respectée.

Ce qui m’a beaucoup questionné à posteriori, ce sont les mécanismes de défense qui se déclenchent chez chacun d’entre nous lorsqu’une catastrophe surgit (quelle qu’elle soit, d’ailleurs). Il y a ceux qui entrent en tragédie tout de suite, et ceux qui ont besoin d’un délai. On m’a parfois reproché d’avoir écrit un personnage féminin tête à claque, qui ne mesure pas ce qui se passe instantanément. Mais c’est la vie ! On se protège (du réel) comme on peut, surtout lorsque le réel semble irréel.

 

Dans « Libre Court », l’émission du court métrage

Le 22 novembre sur France 3,

Soirée thématique « Fluctuat Nec Mergitur »

 Diffusion des courts-métrages

« Les uns contre les autres », De Victor Dekyvère

Produit par Sedna Films, (17 minutes)

Avec la participation
de la région Nouvelle-Aquitaine, de l’Adami, de
la Procirep et de l’Angoa. Acheté par France
Télévision.
Sélection Festival Européen de Contis, Festival
Jean Carmet, Saint-Paul-Trois-Châteaux,
Festival City Court..

Distribution: Pierre Moure, Éléonore Gurrey, Sigrid Bouaziz, Paul Jeanson, Ricardo Overhead

 

« Friday Night », d’Alexis Michalik

(15 minutes)

Sélection Festival international de Palm Spring, USA

téléchargement (1)

@« Friday Night », d’Alexis Michalik

 

www.librecourt.com

téléchargement

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