Samy Thiebault, artiste saxophoniste, présente son dernier album « Rebith ». Le quartet sera en concert au Café de la danse à Paris le 31 janvier 2017.
La musique a toujours attiré Samy. L’émotion que celle-ci procure est un réel moteur. Le saxo devient son instrument de prédilection.
Il est pour lui magnifique, ses sons sont à la fois aériens et terriens. Saxophoniste ténor, il est influencé par de grands noms du jazz, notamment John Coltrane qui le touche particulièrement.
Samy Thiébault est à la direction de ce quartet depuis une dizaine d’années. Une aventure enrichissante où les musiciens s’expriment et partagent leur savoir.
Le quartet se compose du pianiste Adrien Chicot, du contrebassiste Sylvain Romano et du batteur Philippe Soirat.
« Déambulations », « Feast of friends » sont les précédents albums composés par le musicien.
Gaya music production est le label créé par Samy, il y a quelques années. Il produit lui-même les différents albums, participe à de nombreux festivals et n’hésite pas à inviter des musiciens du monde entier pour enrichir sa musique de poésie, qu’elle soit un éveil au monde.
« Rebith » est le sixième album du quartet de jazz. De nombreux invités ont participé comme le trompettiste Avishai Cohen. L’album est un panaché de musiques du monde. On reconnait les influences marocaines, africaines ou encore latines. Il y a également une forte influence de la musique classique lorsqu’on écoute les différents morceaux. En effet, elle est construite sur un schéma classique de musique jazz, rythmes ternaires, binaires. Les influences se font entendre : Erik Satie, Ravel et d’autres compositeurs.
Les deux musiciens, Samy Thiébault et Avishai Cohen, se retrouvent, entre autre, dans le morceau « Le chant du Très loin ».
Une musique expressive, colorée, lyrique, énergique, avec des nuances, influencée par de grands musiciens.
La cohésion et la bonne entente du groupe apportent à la création une force. La musique est empreinte de générosité.
Interview de Samy Thiebault
-Quand avez-vous commencé à vous intéresser au jazz?
ST : Très tôt, dès l’âge de 8 ans, par mon père, pianiste amateur et grand fan de Duke Ellington ! Il m’a d’ailleurs tout de suite offert un saxophone en même temps qu’il m’inscrivait à l’école de musique de mon village !
-Avez-vous des influences, des références dans ce domaine?
ST : Bien sûr, des Maîtres même, au sens oriental de terme, à savoir : des personnes qui nous guident à être nous même. Coltrane, Shorter, Rollins, Fauré, ce sont des guides vers la liberté.
-Au delà d’un langage, que représente le jazz pour vous aujourd’hui?
ST : La Rencontre. Avec une majuscule. C’est une musique qui est née du mélange, de la violence et de l’amour entre deux civilisations, et elle porte cette dialectique au coeur d’elle même. Le blues qui doit habiter chacune de nos notes et de nos intentions de jeu, c’est cela pour moi : une rencontre physique avec ce qui nous est autre, pour mieux créer du nouveau, ensemble, toujours. Sinon on passe à côte du bonheur viscéral et communicatif de cette musique.
-À la tête d’un quartet, vous présentez votre dernier album « Rebith », est-ce pour vous l’aboutissement d’un long parcours, une continuité?
ST : Les deux ! L’aboutissement d’un long chemin effectivement, car on est ensemble avec ce groupe depuis 10 ans, qu’on travaille et évoluons réunis dans le même amour du groupe et de la musique, et que la rencontre qui se passe avec le public sur cet album est évidemment une source de joie et d’encouragement pour nous. Je dis bien d’encouragement non de satisfaction car tout n’est qu’étapes, tout est en mouvement. La communion que nous donne « Rebirth » dans le groupe et avec ceux et celles qui nous suivent nous pousse à vouloir encore chercher, aller plus loin ou simplement ailleurs. Rien n’est acquis, jamais, c’est la loi naturelle. Et c’est beau !
-Pourquoi ce titre « Rebirth »?
ST : Il est venu après une certaine urgence d’écriture. J’ai vécu en un espace très court des expériences aussi bien universelles et banales que fondamentales dans nos vies : le deuil d’êtres proches, la naissance, la rencontre… Il en est sorti une période très forte d’écriture et sans m’en apercevoir je me suis raconté au travers des mélodies et rythmes que j’écrivais : le Maroc de ma mère, la musique classique de mon père, l’Iran de ma femme, l’Amérique latine de mes tournées, l’Afrique de ma naissance… De plus cela correspondait à une période de réflexion et de refonte stylistique de mon jeu de ténor. Il était donc évidement que ce disque constituait une renaissance à soi, une réinvention dans la continuité, une ouverture au futur et à son inventivité.
-Votre musique est empreinte de générosité, quel à été le déclic qui vous a poussé à vous dépasser?
ST : Ah ah ah… Merci pour cette remarque, elle me touche d’autant plus, que oui c’est mon moteur principal, artistiquement et je l’espère humainement, même si les limites de la générosité et de l’égo sont souvent floues et difficiles à déceler. Me dépasser ? C’est à la fois une exigence et une nécessité. Je perçois le concert comme une communion, en tous cas telle est mon envie à chaque fois que je suis sur scène, communion avec le public pour qu’au cours d’une heure passée ensemble on puisse en ressortir transformés, même un tout petit peu… Cela implique donc d’être intransigeant avec soi même pour ne jamais tromper ses musiciens et les gens venus nous écouter, c’est donc normal de ne jamais se répéter, pour soi et donc pour autrui.
« Rebith », nouvel album
Samy Thiebault
Avec la participation d’Avishai Cohen
Disponible chez Gaya Music
En concert le 31 janvier 2017 au Café de la Dans, à Paris