Miyajima, Japon 2016 © Klavdij Sluban
Lauréat 2015 du prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière, Klavdij Sluban expose la série photographique « Divagation-Sur les pas de Bashô« , à l’Académie des Beaux-Arts de Paris du 26 octobre au 20 novembre 2016.
L’Académie des Beaux-Arts soutient et promeut la création artistique dans différents domaines. Le Prix de Photographie a été créé en 2007 à l’initiative de Marc Ladreit de Lacharrière, membre de l’Académie, pour aider un artiste photographe à réaliser son projet.
« Divagation-Sur les pas de Bashô« , cette série a été réalisée dans le cadre du prix tout au long de l’année.
Klavdij travaille sur le terrain et dans la durée. Il a passé beaucoup de temps dans les lieux choisis lors des réalisations de ses projets. En résidence à la Villa Kushoyama, Klavdij fait une description du parcours poétique inspirée des voyages de Matsuo Bashô au 16e siècle au Japon.
Chaque voyage a donné naissance à un récit: Dussent blanchir mes os, Notes d’un voyage à Kashima, Le Carnet de la hotte, Notes d’un voyage à Sarashima…
Il a parcouru le Japon, de Kyoto à Tokyo, le temple des Tokugawa de Nikko, la barre de Shirakawa, les îles de Matsushima, Hiraizumi, Sakata, Kisakata et Etchu.
Comme tous les projets photographiques réalisés auparavant, c’est un réel parcours: Balkans, Russie, mer Baltique, îles Kerguelen, les îles de la Caraïbe, Amérique centrale, Jérusalem, mer noire, Japon, Chine…
Titres des oeuvres:
Balkans-Transit, Autour de la mer Noire-voyages d’hiver, Autres rivages-la mer Baltique, Transsibériades
Les territoires sont principalement les sujets de Klavdij.
Les oeuvres photographiques sont sombres, principalement en noir et blanc, parfois grisées. Son univers est marqué par ce choix de sobriété qui correspond à son travail, à son regard de photographe. Le noir profond rend l’oeuvre poétique, intimiste.
Klavdij prend pour sujet également l’univers carcéral. Il passe beaucoup de temps dans ces lieux sombres. Klavdij Slubanphotographie les adolescents en prison depuis 1995 en France, en ex-Yougoslavie, en ex-Union-Soviétique, en Amérique latine, partageant sa passion avec les jeunes détenus en créant des ateliers photographiques.
Il se définit comme auteur, photographe, aimant dans sa démarche la recherche et la découverte, la quête du réel .
Lauréat de la Villa Médicis-Hors-les-Murs (1998), du prix Niépce (2000), du European Publishers Award for Photography (2009), de la Villa Kujoyama (2016), ses oeuvres sont exposées Musée de la Photographie à Helsinki, Musée des Beaux-arts de Shanghai, Metropolitan Museum of Photography de Tokyo, Museum Texas Tech aux États-Unis, National Museum of Singapore, Rencontres d’Arles, Maison Européenne de la Photographie, Centre Georges Pompidou.
Il est aussi auteur de quelques livres photographiques:
Entre Parenthèses, Photo Poche, (Actes Sud), Transverses (Maison Européenne de la Photographie), Balkans Transit (Seuil), East to East (prix EPAP 2009). Et de films documentaires: « Derrière la page« , Arte, Metropolis (2002), In « L’amour tout court« , Henri Cartier-Bresson, Les Films à Lou / Arte. Photos-Photographes et Métropolis, Arte (1997).
Le genre photographique de Klavdij lui est propre, parlant plutôt de photographe auteur. Le voyage est sa principale motivation, sans oublier la notion d’espace. Souvent, il a photographié à travers des vitres, dans un train, dans un bus. Le photographe est le témoin de scènes troubles. Il y a la vitre entre l’objectif et la réalité.
Interview de Klavdij Sluban
– Comment avez-vous commencé la photographie?
KS: En photographiant.
–Dans quel genre photographique vous situez-vous? Quels sont vos références?
KS: Le « genre » est une appellation extérieure. Confortable. Rassurante.
Je saute du haut de la falaise. Ce qui est une manière de me dépouiller de tout cet encombrement. Ce n’est pas le moment de penser au genre.
Braque disait: « Et vous pensez que je savais que j’étais en train de faire du cubisme quand je peignais?… »
Et Rivette, Rohmer, Godard, ils prenaient leur caméra pour faire de « la nouvelle vague »? Appellation extérieure. Dans ce cas de Françoise Giroux.
Il est nécessaire d’avoir l’œil éduqué. Une vraie référence est une œuvre qui crée en vous un horizon nouveau. Puis, l’essentiel est de se débarrasser de toutes ses références lorsqu’on crée.
–L’est et l’occident, les grands espaces, les paysages, les lieux clos, tous ces thèmes apparaissent dans vos clichés en noir et blanc. Comment abordez-vous vos sujets?
KS: Le sujet et le thème sont en photographie deux notions distinctes voire opposées. Le sujet est limité car…il ne doit pas être hors-sujet.
Le thème est une notion plus ouverte, plus vaste, qui mettra en rapport des photographies diverses afin de créer une écriture photographique. Le sujet peut être sublimé à l’intérieur du cadre prédéfini…tant qu’il n’est pas hors-sujet. Le thème est une notion de l’esprit qui transcende la réalité.
Le sujet démontre. Le thème évoque.
Les thèmes cités sont prétexte à une expression personnelle. Dans un paysage ou une prison, ce n’est pas le sujet qui m’intéresse, mais la notion de l’espace. Dès que l’on aborde la thématique de l’espace, on se confronte à la notion de temps. Car les lieux que je choisis sont toujours en peine avec leur histoire récente.
–Le sombre, le noir dans la photographie basée sur la lumière, y-a-t-il pour vous une forme de déconstruction?
KS: Au contraire. Le désobscurcissement est au cœur de mes cycles photographiques, pour reprendre le terme de Deleuze.
–Avec « Divagation-Sur les pas de Bashô », une série poètique, intimiste et historique sur le Japon, vous remportez le prix Marc Ladreit de Lacharrièere. Pourquoi avoir choisi ce thème? Etes-vous satisfait?
KS: J’ai choisi ce thème car la littérature japonaise m’est proche. Bashô parce qu’il était un poète marcheur. Et surtout parce-qu’il a vécu au 17ème siècle. Ainsi, il me laisse la liberté de divaguer: « …pour m’aider à apprécier le vent et les nuages, j’ai accumulé les descriptions, pêle-mêle, d’endroits divers que je ne puis oublier: tenez les pour divagations d’ivrogne, pour bafouillages de dormeur, et entendez-les d’une oreille distraite. » écrit-il dans son journal. Une libre interprétation est une liberté suprême puisqu’on se fixe soi-même ses contraintes.
« Divagation-Sur les pas de Bashô », série photographique de Klavdij Sluban
Dans le cadre du Prix Marc Ladreit de Lacharrière,
A l’Académie des Beaux-Arts de Paris
Du 27 octobre au 20 novembre 2016
Palais de l’Institut de France,
27 quai de Conti, 75006 Paris
Vernissage le 26 octobre 2016
www.academie-des-beaux-arts.fr
L’exposition Divagation, sur les pas de Bashō fait partie du programme VIP de Paris Photo du 10 au 12 novembre 2016 – Grand Palais www.parisphoto.com
L’exposition Divagation, sur les pas de Bashō fait également partie de la 5e édition du Festival Photo Saint-Germain du 4 au 20 novembre 2016 www.photosaintgermain.com
Le Prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière-Académie des Beaux Arts 2016 est attribué à Bruno Fert pour son projet « Intimités temporaires ».