Magali Lambert expose ses œuvres originales, installations, photographies, dessins et une vidéo à la Voz’Galerie, galerie d’art contemporain située à Boulogne-Billancourt, du 24 septembre au 9 janvier 2016.
La Voz’galerie
La Voz’Galerie, spécialiste de l’art contemporain, organise des rencontres avec des artistes et fait partie de l’association des Galeries d’art Carré sur Seine. La galerie a été créée par Ivane Thieullent en 2011. La volonté d’Ivane est de promouvoir la photographie d’auteurs et de montrer le travail d’artistes émergents.
Après ses études supérieures aux Arts Décoratifs de Paris, la voie artistique est assurée. Magali Lambert collabore avec différents artistes avant de se lancer dans ses propres projets.
Sa participation à des expositions collectives et des festivals l’a fait connaître des professionnels. Elle est qualifiée de jeune talent du Mois de la Photographie par la critique d’art Dominique Baqué dans un article dans Art Press en 2014. Les collaborations et les expositions se multiplient.
Processus de création
Magali Lambert axe son travail sur le rêve et la réalité. La fusion des deux donne naissance à des œuvres bien particulières. L’objet trouvé, déniché dans des marchés, des tiroirs comme des miroirs, des squelettes ou encore des jouets, est retravaillé afin de lui donner une nouvelle vie. Dans ce processus artistique, l’artiste essaye de percevoir ce qui ne se voit pas. Les objets sont mis en scène, le rêve est reconstruit. Une fois l’image composée, l’objet est photographié. Magali Lambert trouve l’inspiration de ces objets particuliers dans les cabinets de curiosités, en quelque sorte des musées. Il s’agit donc de prendre l’objet usé pour le poétiser. Il est ainsi qualifié de » merveille ».
« Eres una maravilla », série espagnole
La résidence à la Casa de Velasquez en Espagne (2013) donne naissance à une série de photos intitulée « Eres una maravilla ». On y voit des objets récupérés mis en scène. Les différentes expositions montrent des œuvres exceptionnelles, un univers propre à l’artiste.
Version française
Quelques années plus tard, Magali fait le choix de poursuivre la série mais cette fois-ci en France, et trouve d’autres natures d’objets. L’exposition à la Voz’Galerie se compose de plus de soixante photographies comprenant des compositions d’objets, où s’entremêlent le naturel et l’artificiel. Dessins, photos et installations font aussi parti du projet: «Hybridités », « Portraits#1 », « Worlds of Bones » (Sculptures), « Forêt, Hiver » (Vidéo).
Interview, Magali Lambert:
-A quel moment vous êtes -vous orientée vers l’art?
ML: Mes deux premiers moyens d’expression étaient le dessin et la poésie, et j’ai assez naturellement choisi de faire des études artistiques. En entrant à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, j’ai appris un grand nombre d’autres techniques, expérimenté et perdu de vue ces racines au profit de découvertes qu’on m’a offert d’approfondir quelques années durant.
Cela m’a permis de pratiquer et d’élire la photographie comme mon outil de prédilection. Mais c’est une très grande joie d’avoir renoué avec le dessin et l’écriture depuis quelques années. C’est un heureux retour aux sources, et ces différents medium me permettent d’enrichir mon univers artistique.
-Objets industriels et naturels, dans les différentes sériés réalisées, sur quoi avez-vous basé votre recherche? Le matériau vous inspire ou est-ce plutôt ce que vous voyez?
ML: Les séries dont vous parlez ici sont des séries de « Merveilles » contemporaines. Je m’inspire des objets « Mirabilia » des cabinets de curiosités de la Renaissance. Ils présentaient des objets naturels encore jamais vus en Europe (et souvent fantasmés, comme des soi-disant cornes de licornes) investis par la main d’artisans prodigieux. Ils étaient alors des mélanges de naturel et d’artificiel. Je me saisis de ce vocabulaire et le transpose dans le monde contemporain. Au lieu d’objets rares et précieux, je choisis des objets usés et abandonnés et leur offre une nouvelle vie par l’image (leurs rencontres sont précaires, en équilibre ou périssables, la photographie assure une pérennité pour ces mélanges fugaces). Je les choisis en fonction de leur portée symbolique, les formes envoient des messages directement à l’œil et font appel à l’inconscient collectif résidant au-delà des mots. Puis, dans un second temps, je m’intéresse à leurs matières et à leurs couleurs, afin de donner du corps aux compositions. Enfin, une fois la série terminée, je les remets en circulation pour qu’ils poursuivent leurs vies d’objets.
-Les animaux font parti de vos oeuvres, quel est votre rapport à la nature en tant qu’artiste?
ML: Le rapport du vivant et du mort m’inspire, et ma première impulsion photographique vient de l’envie de retenir ce qui tend à disparaître. La nature m’offre un merveilleux terrain de jeu artistique, vaste et mystérieux. J’y trouve la beauté des formes, l’animal et le végétal et leur existence sans mots, la vie et la mort renouvelées avec les saisons. Mais la ville est également passionnante à investir, grâce aux personnes, leurs histoires, leurs objets.
-Le titre de l’exposition « Je suis une merveille » a un rapport avec un objet ou une photo ou l’adressez-vous à chaque oeuvre?
ML: En entrant à la Casa de Velasquez, j’avais l’intention de la série sans en avoir encore le nom. Je partais à la recherche de « merveilles » contemporaines, objets usés et délaissés, comme je l’explique dans une précédente réponse de l’entretien. J’ai passé les premières semaines à exclusivement chercher les premiers objets à photographier. Dans une minuscule boutique Emmaüs de Madrid, j’ai trouvé une soucoupe sur laquelle était inscrit « Eres Una Maravilla » (Tu es une Merveille). L’objet m’a offert mon titre.
-Les voyages effectués notamment en Espagne sont-ils une source d’inspiration? (« Eres une Maravilla ») Avez-vous d’autres projets artistiques?
ML: La série des « Merveilles » se déploie dans différents pays d’Europe ayant eu une tradition du cabinet de curiosités. J’ai réalisé la première collection en Espagne lors de ma résidence à la Casa de Velasquez (Académie de France à Madrid). L’Espagne n’a pas à proprement parlé de tradition du cabinet de curiosités, mais le meuble du même nom, essentiel à sa construction, est un meuble espagnol et la plupart des objets naturels provenaient au départ des grandes expéditions du 16ème siècle. Je viens d’achever la deuxième collection réalisée en France et présentée en exclusivité lors de l’exposition personnelle à la VOZ’ Galerie cet automne. Pour la suite, je suis en train d’investiguer l’Angleterre, et prochainement les Pays-Bas. Les voyages sont pour moi une importante source d’inspiration ; dans cette série par exemple, chaque pays me permet de créer une collection avec une identité propre à lui, à sa culture et son histoire, dans l’état où il se trouve au moment où j’y débusque les objets abandonnés par ses habitants. Je fais des recherches, j’apprends, je rencontre et je découvre. C’est passionnant.
« Tu es une merveille », exposition de Magali Lambert
Du 24 septembre au 9 janvier 2016.
Vernissage le 24 septembre 2015.
A la Voz’Galerie, galerie d’art contemporain
41 rue de l’Est
92200 Boulogne-Billancourt