
Usimages est la biennale de la photographie du patrimoine industriel et du travail. Organisée et soutenue par le pôle photographique Diaphane, elle aborde la double thématique de l’énergie et de la métallurgie. Pour sa 5ème édition, onze expositions en plein air seront réparties sur les communes du territoire de l’agglomération Creil Sud Oise. Du 15 avril au 11 juin 2023.
Cette édition regroupe des fonds photographiques que l’on pourra découvrir pour la première fois. Le thème en est la métallurgie, l’énergie, l’aluminium. Les entreprises de la région sont sollicitées. Elle soutient la création contemporaine et les jeunes talents.
Avec les travaux de: Jean Pottier , Céline Clanet, Françoise Huguier, Elliott Verdier, Michel Séméniako, Pauline Pastry et Emma Riviera, en résidence en entreprise, Rocco Rorandelli, carte blanche avec le festival Photolux, la carte blanche avec Les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie et des œuvres issues des fonds photographiques de l’Institut pour l’histoire de l’aluminium, de l’Atelier Pasquero et des Archives du monde du travail à Roubaix.
Interview : Fred Boucher
(Directeur artistique, Diaphane)
-Directeur artistique de cet événement, (équipe Diaphane ) comment avez-vous envisagé ce rôle ? Est-ce depuis sa création ?
FB: La Biennale Usimages est liée à Diaphane, centre d’art en région Hauts-de France. Il programme à la fois cette biennale et également le festival photographique, Les Photomnales, qui a lieu chaque année dans toute la région. Usimages répond, au départ, à une demande des communautés de l’agglomération Creil Sud Oise, de créer un événement photographique autour de la photographie industrielle et de la question du patrimoine industriel. Cela fait dix ans que nous travaillons en collaboration, puisque nous en sommes à la 5ème édition. L’idée est d’élaborer une programmation qui fait appel à des fonds historiques, à des photographes qui travaillent sur des sujets industriels et sur des sujets et de commande. Depuis le début, je m’occupe de la programmation; deux approches autour de l’exploration des fonds photographiques en France et la mise en lumière des travaux de jeunes photographes travaillant sur ces sujets industriels ou la photographie d’entreprise.
-La photographie est un vaste domaine. Ici, il est question d’industrie et de travail. Que pensez-vous de cette thématique et comment l’avez vous abordée ?
FB: Chaque année, nous cherchons une nouvelle thématique. Aujourd’hui, il s’agit de celle des énergies et de la métallurgie. La programmation se construit à travers ce fil conducteur. Ces deux axes font revisiter les fonds photographiques, les archives du monde du travail, avec Istalu et les fonds de l’atelier Pasquero. Les photos sont explorées et revisitées. Il est intéressant de redynamiser des fonds photos qui ne sont pas forcément vus sous l’angle de la commande. Nous avions exposé, il y a quatre ans, un travail très corporate d’André Kertész, photographe hongrois très connu, réalisé dans une entreprise de filature en 1940, Dunlop. Il était intéressant de montrer que les photographes connus pour leur travail personnel ont aussi réalisé des commandes photographiques plus industrielles.
Pour la photographie contemporaine, nous présentons des sujets différents sans être purement de la photographie d’entreprise, avec le travail d’Elliott Verdier par exemple. Il relie à la fois le portrait, le paysage, tout en conservant le thème de l’entreprise, fil conducteur de son travail.
Dans cette programmation, nous jouons sur ces deux niveaux, revisiter l’histoire de la photo sous cet angle. L’idée de ce festival est de faire prendre conscience aux entreprises de la possibilité de passer des commandes à des photographes.
Chaque année, deux photographes sont résidents dans quatre entreprises du bassin creillois.



– Comment avez-vous choisi les différents travaux et les photographes participants? Sur quels critères avez-vous basé votre sélection ?
FB: Un certain nombre de photographes de la programmation sont connus: Françoise Duguet, Michel Séméniako,… Je connaissais leur travail. Je fais également de nombreuses lectures de portfolios, où je découvre celui de photographes qui font des propositions : Céline Clanet, évoque les barrages et l’hydroélectricité.
Nous avons aussi des échanges, par exemple, avec la Gaspésie, au Québec, ou le festival Photolux en Italie.
Pour les fonds photos, il s’agit plus de hasard, de recherches, de rencontres et nous avons effectué un long travail avec les archives de Roubaix.
Il faut regarder l’image et s’interroger : qu’est-ce qui fait qu’elle est intéressante dans les fonds photos photographiquement parlant? Dans l’esthétisme, dans la relation d’une image avec une autre photographie, avec d’autres photographes de la même époque. Cela permet d’avoir une autre lecture des archives, de se les approprier avec un angle de lecture spécifique.
Une carte blanche a été attribuée à deux jeunes photographes, Emma Riviera et Pauline Pastry. Nous leur avons donné la possibilité de se confronter au monde de l’entreprise. Cela permet de construire une identité des entreprises au fur et à mesure.


-Quelle série vous parle le plus?
FB: La série des arts ménagers est celle qui m’a le plus amusé. Il s’agit de photos historiques, issues du fond Histalu du fond de l’aluminium. Elle vante l’aluminium dans le quotidien de la ménagère des années 50/60. La série contient beaucoup d’images où l’on met en avant le papier aluminium, avec la manière de cuire la nourriture, les femmes et les casseroles. On retrouve un peu l’archétype de le femme émancipée grâce à l’aluminium. En contrepoint, j’ai choisi des photos de femmes au travail dans les entreprises qui justement fabriquent ces casseroles. On a donc l’image de la femme idéalisée au service de son mari grâce au papier aluminium et d’un autre côté celle des femmes au travail à la chaîne. Cette exposition m’a beaucoup intéressé car elle m’a permis de faire des recherches importantes et des découvertes importantes.
Usimages
5eme édition de la biennale de la photographie du patrimoine industriel et du travail
Creil Sud Oise
Diaphane
