Culture Photographie

« America », exposition photographique d’Alain Keler à la Fisheye Gallery

 « America » est une exposition « retrouvée ». Certains clichés ont été développés seulement dans les années 1990. Alain Keler, photographe journaliste français, a parcouru le monde. Une partie de son travail de l’époque réalisé à New York sera exposée à la Fisheye Gallery, à Paris, du 11 mars au 30 avril 2021.

Il a collaboré avec de nombreux magazines et de célèbres agences photographiques dont Sygma et Gamma. Tout au long de sa carrière, il rencontre des personnalités et vit des choses incroyables. Il est aussi membre de l’agence Myop.

Son appareil, le Leïca, est un compagnon de voyage.

Alain Keler photographie des évènements historiques. Il rencontre John G Morris, directeur de la photo du magazine Le New York Times, qui l’appellera 26 ans plus tard pour l’informer qu’il a remporté le prix W Eugène Smith.

Il réalise des reportages  en zone de conflit durant les années 80, au Liban, en Israël, en Tchétchénie, en Palestine, en Iran et pendant la guerre civile au Salvador.

Il remporte le Grand prix Paris Match du photo journalisme, en 1986, pour le reportage « Ethiopie sous la pluie ».

Alain Keler a travaillé sur la discrimination des tsiganes en Europe. Cela a donné lieu à une bande dessinée d’Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier: « Des nouvelles d’Alain » (Ed. Les Arènes 2011).

Il réalise deux documentaires, « Le dernier voyage » (2014), « Les films en Europe » (2011).

En 2018, il publie sa première monographie, « Journal d’un photographe », aux Editions de Juillet.

Après l’exposition à la Fisheye Gallery, un livre photographique, « America, Americas » sera publié à la rentrée prochaine, aux Editions de Juillet.

© Alain Keler, Myop

Interview : Alain Keler

– En quoi ce média vous passionne-t-il, vous qui êtes spécialisé depuis toujours dans la photo journalistique, documentaire?

AK : Lorsque j’étais jeune, j’ai commencé par voyager avec un appareil photo. Il est très vite devenu un complément. Il rapportait les souvenirs du voyage. Il était un point de contact avec les gens que je photographiais dans les pays que je traversais. J’ai toujours été très intéressé par la géopolitique.

Le mariage idéal pour moi est de voyager, d’aller à la rencontre des gens, des pays que je traverse. Faire des photos et leur donner une signification. Le voyage était plus qu’un voyage. Je n’étais pas un touriste. La photographie est vite devenue indispensable. Le projet peut se faire en amont mais aussi lorsque l’on fait le choix des photos.

-Quelle est votre technique photographique? Aujourd’hui par rapport à il y a quelques années, utilisez-vous le numérique ?

AK : J’utilise le numérique depuis quelques années. Mon appareil est un Leica absolument prodigieux. Je suis un photographe du noir et blanc. Le dernier appareil que je me suis procuré ne fait que des photos en noir et blanc. Cela me rapproche beaucoup de ma période photographique en film où l’on pouvait choisir soit des films en noir et blanc, soit des films en couleur. Cet appareil est un trait d’union entre la photographie d’avant et d’aujourd’hui. J’ai tout de même la nostalgie du film. Je pars souvent avec un boitier des films en noir et blanc lors de mes voyages. La planche contact ensuite permet de revoir. Ainsi, pour le projet « America », les images étaient sur planche contact, c’est ainsi que j’ai fait des recherches et que j’ai pu faire un choix.

J’ai créé, il y a neuf ans, un blog, « Journal d’un photographe », qui a donné le nom à la monographie, publié en 2018. J’ai commencé ce blog, la première année, en faisant des photos avec un I-phone, avec les films Hypsamatic, une application pour photographier en noir et blanc. L’idée était de faire une photo par jour, publiée sur Tumblr, accompagnée de petits textes. Je m’étais fait le pari de tenir avec ce système pendant un an. Je l’ai tenu. Lorsque j’ai arrêté au bout d’un an, les personnes qui lisaient le blog m’ont convaincu de continuer. J’ai ainsi travaillé sur mes archives. J’ai fouillé toutes mes planches contact de manière chronologique. Le journal est visible sur Tumblr. (alain-keler.tumblr.com)

Il y a eu mon voyage à New York, où j’ai vécu plusieurs années.

Je raconte tout cela dans ce blog. Mac Graw Hill, maison d’édition de livres scolaires m’a envoyé en Amérique latine pour illustrer des livres de langues. J’y ai fait aussi mes images personnelles, prises dans les rues, que je ressorts aujourd’hui.

L’argentique permet de travailler avec des planches contact. Un choix est ensuite possible en marquant de nouvelles images.

J’ai utilisé énormément d’appareils photo durant ma carrière. J’ai travaillé pour l’agence Sygma de nombreuses années. Mon appareil Leica monochrome aujourd’hui est un lien avec ma période argentique. La technologie du numérique est invraisemblable. J’essaye de travailler avec les deux.

-Quel est dans votre carrière le souvenir le plus marquant ?

AK : J’ai beaucoup de souvenirs. Lorsque je travaillais pour des magazines comme Géo, L’Express, Marie Claire… En 2002, j’ai été envoyé en Colombie pour suivre Ingrid Betancourt. J’ai donc été enlevé avec elle, mais j’ai très vite été relâché. Elle est restée prisonnière pendant près de six ans. Nous étions cinq, avec Ingrid et Clara Rojas, sa collaboratrice enlevée aussi. Ce souvenir m’a particulièrement marqué. J’ai sorti un livre qui s’appelait « Ingrid Betancourt, derniers jours d’une femme en liberté ».

J’en ai bien d’autres : j’ai photographié une guerre au Moyen-Orient, la guerre civile au Salvador. Tous ces évènements m’ont marqué, mais cela fait parti de mon métier.

©Alain Keler, Myop

– Y-a-t-il un rapport avec le directeur de la photo du New York Times John G Morris que vous avez rencontré à New York ?

AK : Lorsque je suis parti à New York, pour une amoureuse, elle m’a fait rencontrer John G Morris, ami de la famille, directeur de la photo du New York Times. Il m’a invité pour une « party », dans le New Jersey, chez un photographe, Eddy Adams. J’y ai aussi rencontré Oliver, photographe, le fils de John qui faisait parti de la Soho Gallery à New York. Il m’a proposé de le rejoindre dans cette galerie coopérative. J’y ai rencontré de nombreux photographes. John G Morris est venu ensuite s’installer en France. Il était correspondant pour National Geographic. Vingt six ans après notre rencontre, il m’a téléphoné : « Alain, i have a good new for you ». Il m’annoncé que j’avais remporté ce prix. Cette histoire est un clin d’œil.

-Vous donnez un regard sur le monde, plus précisément l’Amérique, New York, avec l’exposition « America ». Quelles motivations vous ont-elles animées à l’époque ? Un regard intrusif, sur des faits sociaux, des coutumes, témoin d’une période…

AK : J’avais souvent mon appareil avec moi. J’allais photographier dans la rue. C’était de la « street photography », un mouvement initié aux Etats-Unis. Dans l’exposition « America », on retrouve une ou deux photos de Washington où je suis allé en autobus, avec des étudiants qui allaient manifester contre la guerre au Vietman, le jour de l’inauguration du deuxième mandat de Richard Nixon.

Un des premiers livres que je me suis acheté est un livre de Cartier Bresson, « Le monde de Cartier Bresson ». J’ai perdu un peu ce sens photographique lorsque je travaillais pour l’agence Sygma. J’étais envoyé dans le monde entier où je prenais énormément de photos, avec de nombreux appareils photo, avec des téléobjectifs, des supers grands angles. Cependant, j’ai toujours gardé un Leica, avec un film noir et blanc quelques soient les endroits où je suis allé. Je faisais mes photos personnelles, ce qui m’a permis de garder le contact avec ce que j’aimais dans la photographie.

-Quels sont vos prochains projets photographiques?

AK : J’ai commencé un travail sur les détroits en Europe. Je voudrais bien le continuer. Voyager aujourd’hui est très compliqué et le sera encore pour longtemps. Mon projet a été momentanément interrompu en raison du Covid.

Deux livres vont paraitre cette année. « Un voyage en hiver » va reprendre une période de la première année de mon blog, avec des photos prises avec un I-Phone, photos qui témoignent de mon voyage d’un mois entre la République Tchèque, la Slovaquie, et avec une fin de voyage à Venise.

« America, Americas » devrait paraitre en octobre, avec comme éditeur les Editions de Juillet. Ce titre reprend le titre du film d’Elia Kazan, « America America », un grand film, un classique, où il parle de la découverte de l’Amérique du Nord par des migrants grecs. Le « s » du deuxième America correspond à ma partie Amérique latine.

« America »

Alain Keler

Du  11 mars au 30 avril 2021

La Fisheye Gallery-Paris

2 rue de l’Hôpital Saint Louis, 75010 Paris

Fisheye Gallery-Arles

19 rue Jouvène, 13200 Arles

www.fisheyegallery.fr/galerie-fisheye-gallery

alain.keler@gmail.com
www.myop.fr
http://www.myop.fr/photographer/alain-keler

alain-keler.tumblr.com  blog photo: Journal d’un photographe

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