Culture Photographie

Première édition du prix photographique Caritas Photo Sociale : Lauréate Aglaé Bory

Pour la première édition de ce prix photographique, Caritas Photo Sociale, une exposition en avant première des photos de la série « Odyssées », de la lauréate Aglaé Bory, a lieu sur le parvis de la gare de Lyon, en partenariat avec SNCF Gares et Connexions, du 15 octobre au 15 décembre 2020.

Ce prix a été lancé par le réseau Caritas France, présidé par le Secours Catholique, en 2020,  pour aider la photographie, en particulier les jeunes photographes qui s’intéressent à des sujets communs comme la pauvreté, l’exclusion, et la précarité en France. Il est aussi soutenu par le collectif Fêtard, spécialiste de la photo émergente, organisateur du festival photographique Circulation(s).

Le jury de la première édition, présidé par Agnès b., a désigné la photographe Aglaé Bory pour son projet « Odyssées ». La lauréate a déjà reçu une dotation de 4000 euros, de nombreux événements sont aussi prévus autour de son œuvre : les éditions Filigranes publient le livre photographique du même nom d’Aglaé Bory, (sorti le 10 novembre).

 « Odyssée » nous parle de l’exil. Ce travail photographique a été réalisé dans la ville du Havre. Aglaé Bory s’est intéressée à ces personnes connaissant la perte d’un lieu, d’une terre, à la recherche d’une nouvelle place. Il est intéressant de s’arrêter sur les regards qui révèlent la détresse intérieure au-delà de la photo, de l’extérieur. Le temps semble en suspens, l’angoisse est permanente. A travers ces clichés grands formats le spectateur est face à une réalité, à la difficulté des uns, des autres. Entre portraits et paysages, Aglaé Bory nous met face à ce sentiment d’exil.

Interview: Aglaé Bory

-Comment avez-vous commencé la photographie ?

AB : L’histoire s’inscrit dans la durée car j’ai commencé la photographie lorsque j’étais adolescente. Mon parcours a été assez long, l’écriture photographique prend du temps à se construire. Le processus a été long pour comprendre ce qui m’intéressait dans la photographie et quels allaient être mes domaines de recherche. J’ai suivi des cours à l’école de photographie d’Arles.
Ensuite, j’ai commencé mon parcours de photographe professionnelle avec un premier travail, “Corrélations”, sur le lien et la place des femmes artistes dans la société, réalisé entre 2006 et 2009. Ce projet est une sorte d’autoportrait qui traite de ma fille et moi où j’expose ce lien fort et la différence entre un homme photographe et une femme qui est tenue par des responsabilités différentes. Il a été exposé plusieurs fois et un livre photographique a été édité en 2011. Ce travail inaugural a confirmé mon écriture et m’a permis de comprendre ce que je recherchais dans cette pratique. S’il on ne répond pas à la question “que voulons-nous montrer?”, on passe à côté de quelque chose d’important.
Parallèlement à mon travail d’auteur, j’ai un travail de commande où je travaille pour la presse, avec beaucoup de portraits et de reportages qui me permettent de développer des travaux de recherche.

-Selon vous, ce media permet-il plus immédiatement de faire passer des messages ?

AB : Il s’agit plus de questionnements que de messages. La photographie est vectrice de sens, de regard. Je m’intéresse plus à ce qui est invisible, à ce qui crée cette tension. La photographie part du réel. Mais il est aussi question d’invisible, de hors-champs avec tout ce que le photographe met dans sa photo. Il faut tenir compte de tout ce qui n’est pas montré. Cette partie là m’intéresse. Ma photographie est vectrice de sens. Pourquoi fait-on des images ? Que voulons-nous montrer ? Plus qu’un message, la photographie est une recherche de sens et un moment de rencontre. Pour mon projet « Odyssées », j’ai souhaité rendre hommage aux personnes photographiées. J’élabore toujours un travail en amont. Mes photographies sont construites. Mes sources d’inspirations sont plutôt dans les mots, dans la littérature.

-Comment s’est passé votre participation à ce prix Caritas Photo Sociale avec « Odyssées » ?

AB : J’ai répondu à l’appel à candidature, lancé l’année dernière. Pour cette première édition, ils ont donc proposé à tous les photographes travaillant autour de l’image sociale, de candidater. La trame de nos travaux devait avoir pour sujet, la précarité, l’exclusion, la pauvreté. Ce travail était déjà réalisé dans le cadre d’une commande du festival de littérature, « Le goût des autres »,  au Havre. On nous a commandé un travail photographique sur l’exil. Il s’agissait d’un film photographique qui a été projeté pendant le festival, en janvier 2019. De nombreuses photos ont été faites pendant ce festival. J’en ai extrait un corpus photographique sous forme de tirages, mon support de prédilection. J’ai donc soumis ce travail au jury du prix Caritas Photo Sociale qui avait à cœur de montrer une autre esthétique de la photographie sociale, peut-être moins focus sur la précarité en elle-même mais plus sur la force évocatrice. A travers mon travail, « Odyssées », j’ai essayé de rendre à ces personnes exilées, dans une grande détresse psychologique, un espace de liberté.  J’ai porté ce regard sur eux pour leur redonner, grâce à l’image, la vérité de leur existence, en les photographiant dans la lumière, dans des moments assez solennels.

-Que représente ce prix pour vous?

AB : Ce prix est le troisième que le réseau Caritas met en œuvre. La photographie est une alliée pour eux, pour toutes ces organisations qui viennent en aide aux gens. L’image est nécessaire.

Elle permet de voir. Cette évidence les a conduit à organiser ce prix. Ils ont besoin de faire voir au public leur action et de montrer la réalité de la situation en France, surtout actuellement, avec la crise sanitaire, où elle se dégrade. Je suis fière d’être la lauréate de la première édition et j’espère que le prix aura une belle et longue vie. L’appel à candidature va être lancé pour 2021. Il est un soutien pour les photographes. Le réseau Caritas met tout en œuvre pour soutenir les photographes et lutter contre la précarité.

-En tant que lauréate aujourd’hui, quelle est la portée pour vous de cet événement ?

AB : Pour la première édition, le travail est un peu plus large, moins porté sur la dure réalité de ces personnes. J’ai l’impression qu’on leur redonne de l’horizon. Ce sont des rencontres assez fortes. J’ai partagé de longs moments avec eux. A travers les images, on peut percevoir ces émotions provoquées par l’exil. Est-ce que ces personnes nous ressemblent ? Sommes-nous proches ? Ce sont des personnes à part entière. « Odyssées » est d’abord montré dans un espace public, le parvis de la gare de Lyon, un espace extérieur, ouvert à la circulation pour toucher un grand nombre de gens. J’espère que ce récit poétique que j’ai construit pourra atteindre différemment les spectateurs, changer leur regard sur la réalité des demandeurs d’asile.

Première édition du Prix Caritas Photo Sociale

Lauréate Aglaé Bory, pour son projet « Odyssées »

Exposition sur le parvis de la Gare de Lyon, Paris

Du 15 octobre au 20 décembre 2020

Réseau Caritas France, (12 organisations), présidé par le Secours Catholique-Caritas France

En partenariat avec SNCF Gares et Connexions

Avec la participation d’Agnès b., jury de cette édition

Livre photographique « Odyssées »

Publié aux éditions Filigranes, sortie le 10 novembre 2020.

https://www.reseaucaritasfrance.org/prix-caritas-photo-sociale

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  Instagram   @PrixCaritasPhotoSociale

Exposition consacrée à la lauréate et aux trois finalistes du 3 au 13 mars 2021

à la galerie Agnes b.

17 rue Dieu, 75010 Paris

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