
La galerie Thomas Bernard-Cortex Athletico et Olivier Masmonteil, artiste peintre, proposent, à l’approche du déconfinement, une exposition virtuelle de la série « Le voile effacé » à travers différents supports : la photographie de Rebecca Fanuele, l’audio et les podcasts, de Camille Bardin. Un regard singulier sur une œuvre, un premier plan sur les paysages horizontaux et un deuxième volet sur le système de peinture verticale, avec une image construite.
Cette seconde exposition de l’artiste au sein de la galerie, un peu particulière, se visite sur rendez-vous à partir du 11 mai 2020.
La galerie Thomas Bernard-Cortex Athletico , galerie d’art contemporain, a présenté les œuvres Art Paris Art Fair au Grand Palais, à Paris, en avril 2020.

Dans un style bien à lui que l’on peut classer dans le genre figuratif, Olivier est un peintre voyageur. Il étudie aux Beaux-arts, à Bordeaux, puis Paris, avant de se lancer et d’avoir son propre atelier.
Ses toiles se composent de couleurs et de surimpressions. Du portrait au paysage, des silhouettes apparaissent dans certaines séries, « Les Demoiselles », « Les Baigneuses » et laissent imaginer une histoire, un rêve. Il travaille à cette alchimie : la réalité, le figuratif et le rêve, la silhouette effacée. Il dévoile et suggère. C’est toute la magie de la peinture d’Olivier Masmonteil.
Convoité par l’Hôtel San Régis de Venise, il a été invité à réaliser des toiles qui mettent en scène l’histoire mythique de ce lieu.
Son œuvre est à la fois conservatrice et novatrice. L’artiste expérimente à sa manière le champ des possibles que la peinture permet et s’inspire de son histoire. La peinture est devenue nécessité. Il détient une grande palette de couleurs que l’on peut voir dans les séries : « Horizon» ; « La mémoire de la peinture », force et réflexion transparaissent des œuvres émancipées par un calque composé de figures géométriques.
En 2018, il signe une monographie, parue aux Editions Cercle d’Art.
Il est aussi question de lignes et d’horizons dans la série « Le voile effacé ». Paysage-horizon, Olivier Masmonteil mêle l’acrylique à l’huile. Ses toiles évoquent des souvenirs, de lieux, des sensations. Le tableau aurait-il un voile ? Que doit découvrir le spectateur ?

Interview, Olivier Masmonteil
–Comment avez-vous commencé la peinture ?
OM : Depuis l’enfance, je peins et je dessine. J’ai réellement pris conscience que la peinture pourrait devenir un métier lorsque j’étais adolescent. J’ai grandi à Brive, en Corrèze. Je suis allé visiter l’Académie des Beaux-arts, là où j’ai découvert la peinture et l’art. Ce moment a été une révélation. J’ai su que je voulais en faire mon métier. Plus tard, j’ai fait l’école des Beaux-arts de Bordeaux, en 1995. J’ai ainsi démarré ma vie d’artiste, après quelques années d’apprentissage en école spécialisée. Gérard Garouste, fondateur de l’association La Source, qui apporte une aide aux enfants en les éveillant par l’art, a été la première personne qui m’a mis sur la voie.
Ensuite, j’ai fait une première exposition, en 2000, chez Suzanne Tharasieve, une galerie d’art, située à Paris.
-Qualifieriez-vous votre travail de figuratif ? Quelle est votre technique ?
OM : Je peins à l’huile. Je suis venu à la peinture par l’art abstrait. Mes premiers tableaux étaient inspirés des plus grands maîtres du genre, Antoni Tapies, Jean Fautrier. J’ai peint ensuite des paysages, en Corrèze. L’organisation de la surface du tableau était plus intéressante que dans mes tableaux abstraits où je répétais des stéréotypes de formes et de couleurs. A partir de ce moment là, la figure est devenue l’outil pour peindre. Après 2012, j’ai commencé à m’intéresser à d’autres sujets, le nu, la nature morte, la scène de genre.
-Paysages, personnages féminins, lignes, vos toiles semblent raconter une histoire. Où trouvez-vous l’inspiration ?
OM : L’observation est une qualité pour un peintre. Pendant douze ans, j’ai peint des paysages que je contemplais. Le travail est avant tout une approche contemplative. L’art ne montre pas seulement ce que l’on voit ou ce que l’on se représente immédiatement. L’art fait appel à la réflexion. Avec la figure humaine, je suis rentré dans une sorte de narration. La première série était « Les Demoiselles oubliées », où j’ai utilisé mes souvenirs personnels. Ma compagne était mon modèle privilégié. J’ai introduit la figure dans le tableau. Pour inscrire cette idée de temporalité, j’ai joué sur la transparence. Elle laisse à penser qu’il y a eu un avant et un après. Je rentre dans le champ lexical du souvenir ou de la mémoire. Comment se recréer un souvenir ? Avec « Les Baigneuses », je suis revenu au paysage, avec la scène du bain, très présente dans l’histoire de l’art. J’ai pu faire revenir le paysage dans le tableau et faire revenir les figures humaines qui apparaissaient et disparaissaient. J’ai abordé le thème du voyeur. Dans l’art, le voyeur est le spectateur, celui qui voit sans être vu.
-La dernière série de l’exposition virtuelle actuellement à la galerie, « Le voile effacé » fait-elle écho aux précédentes ?
OM : En peinture, l’histoire du voyeur s’accompagne souvent de l’histoire du voile. Dans les tableaux du « bain de Diane », le personnage d’Acthéon dévoile la scène, comme un rideau de scène. L’idée du voile est aussi la définition de la peinture, le geste de recouvrir la toile pour la dévoiler.
« Le voile effacé » est cette manière, de raconter par un geste, l’histoire de la peinture. Je l’ai fait, à la fois avec le paysage, en revenant sur cette notion. Le souvenir, avec la série des paysages effacés, où on les voit noirs et blancs sur lesquels je rajoute une couleur crème, sorte de recouvrement. Puis je peins des motifs avec la couleur sépia que j’efface avec de l’essence de térébenthine. Dans cette série, j’évoque les deux gestes : le recouvrement et l’effacement. Le titre « Le voile effacé » définit ce que représente la peinture pour moi. Le geste est ambigu : révéler les choses en les dévoilant, ou de les faire apparaitre en les effaçant.
Parallèlement, il y a cette série de lignes et d’horizons. J’accumule des couleurs de façon horizontale, comme une abstraction, pour recouvrir la toile ; une autre manière de raconter le paysage.
-Comment avez-vous vécu cette période de confinement inattendu ? Cela vous-a-t-il permis de concevoir cette exposition virtuelle ?
OM : J’ai vécu ce moment, stupéfiant, comme tout le monde. Je l’ai envisagé comme une période transitoire. Mes projets étaient en cours. Au départ, je pensais à une courte durée de confinement, qui s’est avérée se prolonger. J’ai composé avec cette situation. Beaucoup d’artistes ont eu la même réflexion que moi. Il va falloir faire notre métier, avec les contraintes actuelles. Avec Thomas Bernard, galeriste, nous avons décidé de maintenir l’exposition. Nous avons utilisé les réseaux sociaux et fait appel à des supports comme la photographie, avec Rebecca Fanuele, et l’audio, avec les podcasts de Camille Bardin, pour rendre compte de l’exposition, du montage avec Thomas Bernard et sur mon travail. Il y a également les vidéos postées sur les réseaux sociaux. Le but était d’avoir des regards croisés, avec des professionnels. Ce qui nous a permis de construire cette exposition comme une fiction. Nous avons joué avec la contrainte de « sans visiteur ». L’artiste joue l’exercice de la liberté en permanence. Je me suis interrogé, dans cette contrainte: où est mon terrain de liberté ?
–Comment envisagez-vous l’art de demain (après crise) ? Quelle dimension l’exposition virtuelle peut donner à vos œuvres ?
OM : Il se trouve que les galeries et les librairies vont rouvrir dès lundi. Ce qui ne change pas la façon de voir l’exposition. Il sera éventuellement possible de la voir sur rendez-vous. Avec les mesures barrières, certaines personnes devraient se déplacer. Tout le monde va s’interroger sur son rapport à l’autre, son rapport à l’art.
Il y a une forme de permanence dans nos histoires, malgré les crises, les épidémies, les guerres. Certaines choses sont immuables dans l’histoire de l’humanité. L’art en fait partie.
Il s’agit de jouer avec le tableau qui apparaît comme une fenêtre. Comment le devient-il ? L’expérience est inscrite dans une temporalité.
L’expérience sensible, pour moi est beaucoup plus forte avec le podcast. Je crois plus à l’efficacité des supports autour de l’exposition, les photos, les podcasts, les vidéos, qu’à la virtualité totale. Lorsque quelqu’un nous raconte l’exposition, nous nous laissons convaincre. Nous n’avons pas la même sensibilité avec l’outil numérique.
@OM_Les deux amies_2019_Les Odalisques_La m├®moire de la peinture_Huile sur toile, Photo Hugo Miserey
« Le voile effacé »
Exposition des oeuvres d’Olivier Masmonteil
A la galerie Thomas Bernard-Cortex Athletico
13 rue des Arquebusiers, 75003 Paris
Du 5 mai au 31 juillet 2020
Exposition à venir, « Des horizons si grands », Le Suquet des artistes, Cannes,
Du 12 juin au 1er décembre 2020
Podcasts, Camille Bardin
https://podtail.com/podcast/present-e/
un immense merci pour cette article
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Bonjour,
Je vous remercie pour votre article.
L’exposition est visible jusque le 31 juillet et non le 31 juin.
Bien à vous,
Pierre Henry
Galerie Thomas Bernard
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merci, done
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