
Le collectif de musique Pléthore, créé en 2017 par Louis Faloci, chanteur, compositeur et leader du groupe, mêle différents styles musicaux : rock progressif, pop, soul et sons électroniques. Le mix se situe entre espace et son, entre musique et architecture. « L », EP, est sorti en septembre 2019.
Le groupe de musique est constitué de quatre musiciens, Louis, Antonin Fresson, à la guitare, Vincent Charrie, au clavier et Samuel F’Hima, à la basse, pour les live. En studio, Louis Faloci se charge de tout. Le confinement est pour certains artistes un moment de création et de lâcher-prise. Ainsi, il a enregistré le titre « Home » pendant cette période. Le clip-vidéo a été réalisé et animé par Maxime Baile et mixé par Arnaud Kalmès. Camille Lemeunier a signé le dessin qui a servi de base à la réalisation du clip-vidéo, qui est aussi le logo depuis le début.
Les images et les paroles témoignent de cette situation : un monde inconnu, une marche vers un monde nouveau. Il est question de prendre le temps, prenons ce temps pour réfléchir, écouter et rêver. Pouvons-nous aussi penser à un monde différent ?
« Home », témoigne d’un départ pour un ailleurs, une ode au rêve. Un homme avec un casque de forme géométrique marche et s’interroge, dans un lieu totalement lunaire, où est le chemin ? Une terre différente ? au son du synthétiseur, de la batterie et des percussions,
Pléthore a déjà à son actif un album « L », sorti en 2018, avec trois titres marquants : « Soul », « Lonosphère » et « Late ».
Une œuvre originale en cette période trouble.

Interview, Louis Faloci :
-D’où vient ce nom « Pléthore » ?
LF : Ce mot vient du grec ancien, que l’on traduit par multiple. Ce terme est fédérateur. Il ne donne pas de limites ou de barrières dans les styles, dans les disciplines abordées dans ce projet. Il se prête parfaitement à ce que nous souhaitons véhiculer. Ce projet est surtout de la musique, mais il peut y avoir de la danse, de la peinture, du graphisme. Cela réunit différents corps de métier, notamment pour les clips-vidéos. Au départ, je souhaitais monter ce projet en solo. Je trouvais ce thème rassurant par son aspect fédérateur. Maintenant que nous sommes plus nombreux, le terme « Pléthore » prend tout son sens.
-Après la sortie d’un 1er EP, « L », vous présentez « Home ». Comment avez-vous eu l’idée de ce titre?
LF : Dès le début du confinement, je me suis enfermé dans le studio et il était vital, nécessaire d’écrire. Il correspond à la situation du moment. Le besoin d’écrire et d’extérioriser mes pensées face à cet événement s’est traduit par la création de ce morceau. Il s’agit de s’extraire et de sortir de cette réalité, de sortir de chez soi par le rêve. « Home » est une ode au rêve et un appel à l’évasion par l’esprit. Le refrain dit : « …stay at home…. Laisses divaguer tes pensées en étant chez toi…. ». Je pense qu’il est important de transmettre nos idées avec philosophie et apaisement, dans une ambiance calme.
Nous travaillons sur un deuxième morceau qui sera présenté dans quelques semaines. Ce nouveau titre traite du même genre de sujet : l’ultra surveillance. Dans ce titre-là, le personnage central ne respecte pas le confinement. Une histoire inventée mais qui pourrait être vraie. Ces deux titres créés et enregistrés pendant le confinement sont hors albums. Les titres du prochain album sont différents. Pour les deux « spécial confinement », il faut tenir compte de l’urgence, du refuge dans l’art et du besoin de s’exprimer à ce moment là, un message doux et plein d’espoir.
-Que représente cet homme qui marche dans un espace lunaire ? Le casque géométrique ? Est-ce toujours le même personnage dans les différents clip-vidéos (titre « Allez ») ?
LF : Effectivement, le casque se retrouve dans toutes les animations depuis le départ. Il est multi-facettes et nous représente tous. Il est le reflet de notre société et des différents caractères. Il est aussi le reflet de nos différentes sensations et personnalités. Dans le clip « Allez », il est assuré. Dans « Lonosphère », le personnage se ballade dans le Colorado provençal. La terre est rouge, il semble plus perdu. Il représente notre situation actuelle dans la société. Malgré sa corpulence humaine, le personnage est une créature, plus précisément un être. Il n’est ni un robot, ni un humain. Porter un casque est aussi une forme d’anonymat. A l’heure actuelle, nous n’avons pas besoin de nous montrer. En revanche, en concert, nous ne portons pas de masque. Mais nous accordons beaucoup d’importance à la scénographie.
Maxime Baile qui a réalisé le clip-vidéo de « Home », était chef opérateur et photographe sur le clip-vidéo de « Lonosphère ». L’ambiance, sur ce dernier, était aussi assez lunaire. Il a donc repris cette idée d’espace, de cosmos pour replacer le personnage. La métaphore est compréhensive, l’immensité du vide peut bien représenter le rêve.
Le personnage est le symbole du groupe. Il fait et fera partie de tous nos albums. Il évolue. Le casque est une base dont tout part dans nos créations. Il va peut-être évoluer et devenir un autre personnage, à la manière de David Bowie ou Christine and the Queens, qui se réinventent à chaque album et changent complètement de personnalité. Une autre forme sera peut-être l’emblème de Pléthore.
-Comment vous-êtes vous investi chacun dans ce projet?
LF : J’ai composé « Home », chez moi. J’avais besoin de poser des mots, des textures, sur ce que je ressentais. Maxime Baïle (réalisateur de Home) avait cette idée d’animation depuis un certain temps. On s’est dits que c’était le moment au jamais de faire un clip qui parle du rêve, de l’évasion. On ne pouvait pas se voir, pas sortir, un clip en animation semblait donc possible à mettre en place ! Il s’est basé sur un dessin original de Camille Lemeunier et a réussi à l’animer en quelques semaines…
Nous travaillons en groupe, à quatre, avec Antonin, Vincent et Samuel, pour les live. Je travaille en général en solo la partie studio. Arnaud Kalmès a réalisé le mixage de « Home » a distance. Il a d’ailleurs réalisé, co-écrit et mixé notre premier EP « L » et nous travaillons ensemble sur le premier album. Arnaud a été l’élément déclencheur de Pléthore en studio. Nous ferons, après le confinement, une session live, tous ensemble, en studio, avec sans doute des masques et des gants en gardant bien nos distances…
La mixité de nos influences musicales se ressent pendant les live. Nous nous sommes tous rencontrés lors d’occasions diverses. Vincent, lors d’un concert où il improvisait en trio jazz pendant que j’étais déguisé en femme (rires). On a, à juste titre, évoqué l’idée de faire absolument un live ensemble. Antonin, que j’ai rencontré plus tard, partageait la même idée, créer un groupe et jouer en live. Nous sommes tous influencés par le hip-hop, le jazz et la musique répétitive. Nous nous retrouvons tous autour du « Heroes » de David Bowie.
-Comment vivez-vous ce confinement ?
LF : Je le vis bien malgré tout. En famille, je suis partagé entre mes moments de travail et d’isolement et les moments de débat sur cette incroyable situation. J’ai passé les quinze premiers jours enfermé au studio à écrire, arranger et produire. Un moment incontrôlable, inconscient, alors que je prends habituellement mon temps pour écrire un morceau.
Je pense que les gens sont un peu perdus entre la chloroquine du professeur Raoult, la gravité de la situation, les mesures à respecter. C’est assez complexe. Avec cet arrêt soudain, la qualité de l’air est bien meilleure qu’avant. Les animaux ressortent. La nature reprend ses droits.
En même temps, certains souhaiteraient retourner au rythme d’avant. Mais en a-t-on vraiment envie ? Je ne suis pas certain. Il faudrait changer nos modes de fonctionnement.
Peut-on vivre par exemple sans la bourse ? Ce sont mes convictions du moment. Il faut bien y réfléchir.
-Comment envisagez-vous le retour à la vie sociale?
LF : Nous allons entrer en période de déconfinement, mais la situation sera tout aussi compliquée. Nous allons en effet retrouver une certaine liberté de mouvement mais tellement de choses sont interdites ou réduites, comme les évènements : mariage, cérémonie, voyages lointains… Dans mes deux activités, l’architecture et la musique, la reprise va être lente et compliquée. Nous ne ferons pas de concert avant un certain temps. Mais nous nous retrouverons tous prochainement avec des masques. L’ambiance risque d’être assez étrange.
« Home »
Pléthore
Sorti le 29 avril 2020
Enregistré pendant le confinement
EP « L »,