La galerie Thierry Bigaignon accueille la nouvelle série intitulée « Pompeii », de la jeune artiste photographe italienne, Vittoria Gerardi, du 12 septembre au 10 novembre 2019.
La photographie est un art où les techniques et les variantes de style sont multiples. Pour Vittoria, qui a étudié au London Metropolitan University et à l’International Center of photography de New York, la photographie reste un domaine traditionnel où la technique première de la chambre noire et le développement argentique prédominent. En effet, ses œuvres sont réfléchies, les procédés sont spécifiques.
« Confine », « Horizon » en français, première exposition photographique de l’artiste à la galerie Thierry Bigaignon, à Paris, est une série de compositions abstraites, des clichés d’un voyage dans la Vallée du désert, aux Etats-Unis. Pour la mise en relief des paysages, elle utilise la lumière et différentes teintes de gris.
A cette occasion, deux livres photographiques ont été édité : « Confine » et « Confine by Hermes ».
Pour cette nouvelle série, Vittoria choisit un sujet historique. Pompéi est une ville antique, en ruine à l’époque et aujourd’hui en constante évolution. Ainsi Vittoria y puise son inspiration. Elle utilise la lumière et laisse un voile sur ses tirages. Ce qui confère à l’image un côté plus ancien, plus mystérieux. Certains tirages argentiques sont placés dans des sculptures en plâtre, et laissent apparaître une ligne.
On y voit la richesse culturelle de Pompéi, les monuments antiques. Les photos sont voilées. La netteté est floue, pour donner plus d’intensité et révéler la beauté de cette ville déconstruite et reconstruite.
Peut-on alors parler de sculptures photographiques ? Une exploration est menée par la photographe.

Interview, Vittoria Gerardi
-Comment commencez-vous votre travail de photographe?
VG : Je suis née au début de la transition de la photographie analogique à la photographie numérique. Pourtant, quand j’ai commencé à photographier, je me suis trouvée plus encline à la qualité invisible, latente et tangible du processus chimique. Cela a radicalement changé ma perception de l’image et, plus tard, j’ai commencé à l’intégrer pleinement à ce qui était essentiellement mon principal intérêt et souci: le caractère existentiel de l’être humain.
J’ai développé mon premier travail photographique après un voyage à travers les États-Unis axé sur le paysage du désert (Death Valley). J’ai perçu le désert comme un temps de ligne aussi cohérent que l’horizon et j’ai traité l’ensemble du travail en fonction de cette expérience, en distillant des fragments du paysage à partir des négatifs et en les condensant dans l’espace d’une ligne ou d’autres formes symboliques sur le papier photographique. La dimension atemporelle du désert est devenue ce que je m’apprêtais à approfondir dans le cadre du projet «Pompéi».
-Quelle est votre source d’inspiration ?
VG : La nature. Elle détient éternellement ce qui reste aux humains: la temporalité.
-Pourriez-vous décrire votre processus de création? Quelle est votre technique photographique?
VG : Je suis intéressée par l’expérience fragmentée de la réalité. Je ne crois pas en une expérience visuelle objective, c’est probablement pour cette raison que la photographie ne commence jamais par un négatif et se termine par son impression. Dans le projet Pompéi, cette idée de visibilité apparaît comme une métaphore du temps, où chaque nouvelle découverte implique la désintégration d’une image bien établie.Je n’ai pas de technique spécifique. Les travaux que j’ai développés jusqu’à présent utilisent différentes techniques basées sur le sujet exploré. Dans « Confine », j’ai techniquement travaillé sur l’altération du processus chimique dans la chambre noire, sur la fragilité du papier sensible à la lumière. À Pompéi, j’ai intégré le plâtre à la photographie, matériau étroitement lié aux fouilles archéologiques, en plongeant l’image dans un moule en plâtre afin qu’elle apparaisse comme une ligne d’information; aussi, en voilant des images de la ville à travers différentes couches de plâtre pour évoquer le temps qui passe, la mémoire s’estompent.
– Après «Confine», «Pompeii», le sujet est historique. Pourquoi avez-vous choisi ce thème?
VG : Le sujet de «Pompéi» est contextuellement différent de «Confine», mais les ruines romaines et le désert californien partagent la même condition: il n’est jamais venu à l’idée de l’homme d’y vivre. Là-bas, le temps a atteint cette qualité particulière d’être visible à l’œil et invisible au savoir.

« Pompeii »
Exposition photographique de Vittoria Gerardi,
Galerie Thierry Bigaignon
3 rue Charlot, 75003 Paris
Du 12 septembre au 10 novembre 2019
Vernissage, jeudi 12 septembre 2019
Post-scriptum 2 présente les oeuvres de Vittoria Gerardi, Amélie Labourdette, Thomas Paquet, Ralph Gibson et Harold Feinstein. La préface est signée du collectionneur Paul Mouginot.
www.galeriethierrybigaignon.com
Exposition « Confine » à Art Verona
Mc2Gallery, pad 12 stand GT2
October 11-13, 2019