« Rue Barcelona » est une exposition basée principalement sur le street-art qui réunit différents artistes hispaniques. La galerie Deux6 présente ces œuvres du 28 juin au 4 août 2018.
La galerie réunit les œuvres des artistes Andrea Btoy, Chanoir, Debens, Eos, Fasim Grito, Jafet Blanch, Mina Hamada, Sawe, Zosen. Cette exposition est une invitation au voyage à travers les trente dernières années de l’art urbain à Barcelone.
Une trentaine d’œuvres originales est regroupée pour l’occasion. Œuvres murales et installations, vidéos font partie de cette aventure.
Le street-art barcelonais a connu son apogée dans les années 2000 où les artistes peuvent agir librement, sans représailles. Barcelone est un espace de création qui attire de nombreux artistes du monde entier. Aujourd’hui, la situation est bien différente, ils risquent des amendes pour tout graff sur les murs, dans les rues de la ville. Cependant, le street-art persiste, parfois illégalement. La ville reste le symbole de ce mouvement, l’art urbain y est de plus en plus présent.
D’ailleurs, on retrouve la fresque de Keith Haring datant de 1989, dans le quartier de Raval. Les jardins de las Tres, sont un des lieux importants.
« Rue Barcelona » est un condensé de ce mouvement social qui a marqué le temps et continue encore aujourd’hui avec des artistes avides de liberté, affirmant leur moyen d’expression, témoin d’un temps où l’art ne peut se contenter de cloisons. Certains ont besoin de montrer librement leurs œuvres, de cacher par des couleurs et des formes, une réalité parfois sombre, un mur délabré devient alors un arc-en-ciel, un espoir.
Debens, de son vrai nom, est un artiste qui s’engage dans ce mouvement depuis des années. Barcelone est la première ville dans laquelle il expose : « Graffiti al Parc » Ajuntamente de Barcelone, en 2003, « Los artistas del bario », à Madrid, en 2008, puis à Paris, en 2010, avec « Né dans la rue-Graffiti », à la Fondation Cartier, « Made in Debens », en 2013, à la Cité des Arts, et bien d’autres expositions personnelles et collectives en France comme à l’étranger.
Cette exposition marque le développement artistique de ce mouvement inscrit dans le temps, le graffiti, le Street-art.
@Debens
Interview de l’artiste Debens, Hug Garcia Lleonart
-À quel moment le Street-art est-il arrivé dans votre vie ?
D: J’avais 14 ans lorsque je me suis intéressé au graffiti qui est devenu, aujourd’hui, ma base artistique et conceptuelle. Plus tard, à l’âge de 20 ans j’ai suivi des cours aux Beaux-arts qui ont influencé ma façon d’interagir avec l’espace urbain.
Cette période a défini mon entrée dans le Street-Art. À cette époque, je travaillais différents styles et techniques, faisant géométrie, calligraphie, collage, assemblage, installation, sans avoir un langage très défini mais libre et joyeux pour moi. Début 2010, je décide de me consacrer à l’abstraction géométrique mais sans me lasser d’expérimenter d’autres langages plastiques, toujours à la recherche de créativité.
-D’où vient ce surnom Debens ?
D: J’ai trouvé ce surnom, en 1994, lorsque je me suis intéressé au graffiti. A partir d’un alphabet de typographie qu’un de mes cousins m’a donné, de A à Z, j’ai commencé à faire des combinaisons avec les lettres que j’aimais le plus. J’ai créé « Debens » à partir de ces combinaisons. Comme beaucoup d’autres artistes de graffiti, j’ai eu d’autres alter ego ou tag. Par exemple, mon logo-tag ‘la chaise’ qui a totalement changé ma façon d’interagir dans la rue.
-Le Street-art est un mouvement culturel. L’artiste, à l’extérieur, choisit de s’exprimer sur des surfaces abandonnées, voire interdites, quel est votre point de vue ? Parlez-vous de liberté d’expression, de revendication ?
D : Le graffiti est en grande partie ma base visuelle et conceptuelle. Il est l’une des choses que j’ai apprises et que j’aime pour la liberté qu’il permet. Ce mouvement artistique est né librement. Il n’a jamais été domestiqué. Les artistes prennent donc plus ou moins de risques.
Ensuite, il y a le dilemme de l’exercice de cette liberté en respectant plutôt qu’en imposant. C’est une contradiction. Au fil des années, je me suis rendu compte qu’il y avait une certaine violence dans le graffiti et qu’il me semblait plus approprié de m’adapter et de ne pas m’imposer.
-Le mouvement de Street-art en Espagne vous a marqué, qu’en retenez-vous ?
D : Je retiens beaucoup de choses du mouvement de l’art urbain en Espagne et à Barcelone en particulier. Je me sens privilégié d’avoir vécu l’évolution du graffiti traditionnel vers l’art urbain contemporain même s’il s’agit de deux phénomènes différents. L’hétérogénéité et la richesse des styles et des langages de ses artistes, la rébellion, l’originalité, l’usage de la couleur, la singularité, la fraternité, leur capacité à s’ouvrir au monde et à se mélanger avec d’autres cultures, font de Barcelone une ville qui possède un grand talent urbain et créatif.
-La plupart de vos graffs sont constitués de formes géométriques colorées, de collages, d’assemblages. Quel est votre technique ? Comment envisagez-vous les grandes surfaces, les grands murs ?
D : La création du logo-tag “la chaise” m’amène à connaître la géométrie abstraite. Entre 2000 et 2010, j’ai beaucoup travaillé sur l’improvisation, sans jamais dessiner auparavant. Mes collègues m’appelaient 1000 couches parce que je n’arrivais pas à m’arrêter de peindre et trouver le point final. La plupart des compositions étaient faites à la main sans ruban adhésif ni carton, les lignes droites étant issues de mon geste.
A partir de 2010, j’ai commencé à travailler davantage sur le dessin et mes projets passent par 2 ou 3 étapes différentes avant de peindre. L’esquisse n’est qu’un point de départ mais une fois que je suis à l’extérieur, tout change, tout devient réel. J’ai besoin de faire quelque chose d’inattendu et d’incontrôlé. Le collage est une autre des techniques que je travaille depuis longtemps, soit à l’atelier soit en collant des pièces originales dans la rue. Mon travail consiste à faire des « remix » de mes propres collages avec des éléments et des compositions de base géométrique. J’aime aussi vider des parties de la composition pour donner un deuxième ou troisième plan. Cette technique est une passion que j’ai depuis tout jeune.
« Rue Barcelona »,
Andrea Btoy, Chanoir, Debens, Eos, Fasim, Grito, Jafet Blanch, Mina Hamada, Sawe, Zosen
Exposition collective, du 28 juin au 4 août 2018
A la Galerie Deux6,
66 avenue de la Bourdonnais, 75007 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h