La photographie a toujours fait partie de la vie professionnelle de Philippe Charlot. Il commence une carrière de consultant pour la presse, notamment chez Mondadori. Journaliste, il collabore à différents magazines. Son approche de la photographie reste de la commande publicitaire.
Puis, il se lance dans des travaux artistiques personnels et crée sa propre société photographique.
« Interior’s Memories » est une série composée de 25 clichés, encadrés pour l’occasion. Philippe Charlot plante le décor dans des chambres d’hôtel et des palaces parisiens. Les intérieurs sont signés Jacques Garcia ou Jean Louis Deniot.
Ses photographies en couleur sont pensées, Philippe choisit son angle de prise de vue. Il utilise le décor comme toile de fond. Le spectateur peut alors tout imaginer. Il y a la notion de souvenir mélangée à la notion de passage, de lieu neutre et clos.
La couleur donne à l’image plus de vérité et de profondeur. L’ambiance est contemporaine, les meubles élégants. Le photographe nous plonge dans un univers onirique et mystérieux.
(Pigalle)
Interview de Philippe Charlot
– Comment avez-vous commencé la photographie ?
PC : J’ai commencé très jeune à m’intéresser à la photographie. Dès l’âge de sept ans, mon père m’a transmis sa fascination pour la photo. Un jour, il m’a demandé de photographier les cyclistes de passage pour le Tour de France. Je l’ai fait, le résultat fut un souvenir marquant. Sur les clichés, on ne voyait que la roue avant du cycliste. Ce fut une première expérience.
Je n’ai vraiment pas arrêté de faire de la photo depuis. Labo Argentique à 12 ans, je participais à quelques concours, j’animais le club de photo à la Faculté d’histoire et plus tard à l’école de journalisme. La photographie est arrivée de cette continuité.
– Abordez-vous de la même manière le travail artistique, les projets personnels et les travaux de commande ?
PC : Aujourd’hui les deux sont indissociables, mais ce n’a pas toujours été le cas. Lorsque j’ai créé ma société de photographie, j’ai d’abord pensé au travail rémunérateur, reléguant l’artistique au second plan. Il m’a fallu quelques années pour comprendre que l’artistique et le commercial se nourrissaient mutuellement !
Avec le temps, je me suis rendu compte que mes clients souhaitaient que je mette plus de personnalité dans les travaux réalisés. L’art est donc arrivé dans mes travaux de commande.
Apporter sa touche personnelle dans les travaux de commande rend l’œuvre unique.
Ma rencontre avec Joann Sfar, illustrateur de bande dessinée, a été déterminante.
– Le numérique est aujourd’hui très utilisé. Quelle est votre technique photographique ?
PC : Je travaille en numérique même si j’ai conservé un moyen format en argentique. Je l’utilise pour les portraits.
Le numérique permet beaucoup de possibilités et un apprentissage accéléré… à condition de conserver un regard critique sur ses images. Je donne également des cours de photographie, la vraie différence entre mes élèves ne tient pas tant à leur connaissances techniques qu’à leur sensibilité et culture photo.
– Vous vous intéressez aujourd’hui aux intérieurs d’hôtel de luxe, aux chambres. Comment avez-vous trouvé cette idée de sujet ? Votre intérêt pour l’architecture est-il un moteur ?
PC : Les chambres d’hôtel sont une source d’inspiration. Il y a d’abord le côté clos du lieu. Cela vient de ma vie nomade. J’ai beaucoup déménagé dans mon enfance. J’ai subi le mouvement, le changement. La nouveauté a un aspect fascinant, merveilleux, attirant.
Le fait de travailler pour des architectes aujourd’hui, me permet d’être sensible aux volumes, à comprendre l’espace.
Pour le Festival Paris Artiste 2017, j’ai voulu parlé du lien entre l’habitat et l’habitant. Je recherche à travers la chambre le huit clos, un lieu fermé, inspiré de tous lieux habités dans mon enfance.
L’hôtel est un lieu de passage, neutre, magique avec tous les fantasmes que cela entraîne. Les questions se bousculent : qui a dormi là ? Combien de temps ?…
– Pour cette exposition à la Galerie Deux6, comment avez-vous sélectionné les œuvres ?
PC : Avant d’arriver à l’œuvre finale, il a d’abord fallu trouver des décors. Avec l’équipe de la galerie Deux6 et mes clients architectes, nous avons recherché parmi les hôtels parisiens lesquels feraient les meilleurs décors pour la série. J’en ai photographié une quinzaine. Puis, dans mon studio j’ai photographié mes personnages (principalement des amis) qui ont du prendre la pause pour s’intégrer naturellement au décor. Pour le choix des lieux, j’ai essayé de tenir compte de la diversité, essentielle dans un projet comme celui-ci. Je suis totalement libre dans mes choix. La photographie du Bristol est assez minimaliste. Je me suis servi des chambres d’hôtel pour retrouver un espace fermé. L’angle est très serré, les décors minimalistes.
– Pensez-vous à la publication d’un livre photographique ?
PC : J’aimerai bien faire un livre : « Interior’s Memories » . Mon amie, architecte d’intérieur de renom, Laurence Faure, a déjà écrit une très belle préface.
On m’a proposé de publier mes clichés sous forme de livre photographique. Je souhaiterais enrichir mon œuvre, l’étoffer. J’imagine une continuité, des photos de chambre d’hôtel à l’étranger, Londres, New York, Tokyo. En France à Marseille et dans différentes autres villes.
L’exposition est aujourd’hui un regard sur Paris, une vision très française. Le Japon serait pour moi une autre expérience. Je suis curieux de voir comment le projet serait accueilli ailleurs car il y aurait une diversité des décors et un lien culturel différent avec les intérieurs.
« Interior’s Memories »,
Exposition photographique de Philippe Charlot
Du 8 mars au 4 avril 2018
A la Galerie Deux6
66 avenue de la Bourdonnais, 75007 Paris
http://www.philippecharlot.com