Culture

Exposition « Money Time », Denis Robert, à la Galerie W, Paris.

 ImageDenis Robert, artiste plasticien, expose ses oeuvres pour la deuxième fois à la Galerie W à Paris du 7 mai au 7 juillet 2014.
 
Artiste permanent de la Galerie W, située 44 rue Lepic à Paris, Denis Robert est aussi journaliste, écrivain, réalisateur et producteur. 
L’artiste utilise entre autres pour ses toiles et installations des listings et relevés bancaires comme support. Il tague et écrit.
Journaliste, notamment à Libération pendant quinze années , il s’intéresse au monde de la haute finance. 
 
« Dix ans et toutes mes dents… »
Après de nombreux procès liés à ses écrits sur les malversations financières (« Clearstream », la chambre de la compensation financière) de certaines structures, publiés dans les livres « Révélations » (où il est question de dissimulations de transactions), « La Boite noire », ou encore dans le documentaire « Les Dissimulateurs » (coréalisation, pour 90’minutes de Canal+, en 2001), « L’affaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewo » (en 2003), le film « Journal intime des affaires en cours » (coréalisé avec Philippe Harel en 1998), Denis Robert fait le choix d’exprimer ses pensées sur toiles et en galerie. Une manière plus abstraite d’exorciser ses démons. Et de nous faire partager son univers.
 
Du monde financier au monde de l’art.
Denis Robert expose à la Galerie W depuis 2006. « Global Village » est le titre de la première exposition de ses oeuvres.
Il trouve refuge dans l’art et paradoxalement les banquiers et autres traders sont les premiers acheteurs de ses oeuvres.
« Des banquiers qui me faisaient des procès achètent mes toiles », raconte-t-il amusé.
 
Auteur de romans à succès, « Le bonheur » (livre érotique écrit en 2000), « Une ville » (2004), « La domination du monde » (2006), « Dunk » (2009, Editions Julliard), la BD « L’affaire des affaires » (en 4 Tomes, chez Dargaud), le monde de la finance n’est pas le seul sujet qu’il affectionne. Denis Robert allie même littérature et peinture dans le livre d’art « Dominations ». 
 
Revendications, expressions des idées sur la toile, Denis Robert s’immerge donc complètement dans le monde de l’art depuis plus de dix ans.
 
En travaillant sur des relevés de compte, il s’est aperçu que ces papiers avaient une réelle beauté plastique. Peut-on parler de « langage de l’argent » ?
Il a donc imprimé sur les toiles cette dialectique numérique de la finance. Il « tague » à l’encre, à la bombe peinture, au marqueur ou à la craie grasse. L’Art devient un média. 
Ses toiles sont achetées par de plus en plus de collectionneurs
 
L’importance des mots
Les oeuvres se composent de collages, de peinture et de « graff ». Les mots, inscrits en gros caractères, occupent la toile. Denis Robert utilise des matériaux de récupération, des fragments de carnets personnels, des photos, des articles déchirés inscrivant des codes et des histoires sur le monde. Le fond est noir ou coloré, les mots sont blancs.
Avec la peinture, Denis Robert parle en évitant les mots inutiles, les coups de gueule. « Tout est sur la toile ». Il mélange le langage froid de l’argent et de l’écriture « rageuse ». Ce contexte paradoxal crée une émotion. 
 
Oeuvres:
« Money Time », « Le pouvoir est au bout du stylo », « Le secret bancaire est un droit de l’homme Riche », « Soyons tous des artistes », « Bank killer »… . 
Ces oeuvres représentent le pouvoir de la finance. Chaque toile raconte donc le monde, globalement.
L’Art devient un support, plus approprié que le papier pour témoigner de ses idées. Les mots demeurent très importants, mais la peinture apparaît comme une nécessité.
« Money Time » est un titre évocateur. L’expression est chargée de signification. Peut-on penser à l’expression « Le temps c’est de l’argent » ? Selon Denis Robert, cette expression appartient à George Eddy, commentateur de match de basket américain (NBA) qui l’aurait inventé en 1980 en commentant un match des Lakers. Le temps se resserre  Pour Denis Robert. « Rares sont ceux, dans le journalisme, qui peuvent avoir le luxe du temps », raconte-t-il. Cette expression prend tout son sens.
 
ITW
-Cette fascination pour le monde financier vient-elle de votre première activité, le journalisme politique ?
DR: Le monde financier ne me fascine pas vraiment. Je travaille avec un sentiment de recherche et d’exploration. La finance a une influence très forte sur nos vies, pas assez montrée par les médias. Il faut aller plus loin dans cette exploration.
 
-« Money time« , titre de l’exposition actuelle, apparaît en gros caractère dans vos oeuvres, est-ce un clin d’oeil a toutes vos oeuvres autant littéraires que cinématographiques, en plus du rapport au temps et à l’argent ?
DR: L’idée première est le basket, « Money Time » sont les trois dernières minutes du match de basket, le moment où tout se décide. Cette idée est une métaphore, nous sommes dans une sorte de « Money Time » d’une époque indéchiffrable, en France mais aussi au niveau mondial. Les crises se succèdent et accélèrent une sorte de processus de désintégration des modèles existant. Rien n’est éternel, nous ne pouvons pas vivre avec ce mythe de l’éternité. Dans le monde financier, les banquiers ont leur réseau. Ils sont très habiles pour jouer dans ce money time et préserver leur marge… En vous donnant cette explication, je suis plus analyste qu’artiste. mais quand je suis devant mes toiles, je marche à l’instinct. L’analyse vient ensuite.
 
-Peut-on associer « Money Time » à l’expression « le temps c’est de l’argent » ? Envisagez-vous une autre signification plus en rapport avec les coups bas financiers de certaines structures ou simplement est-ce l’expression employée par le commentateur américain, George Eddy ?
DR: Je me réfère surtout à l’idée de l’accélération du temps. Chaque action a une importance.
L’exposition « Money Time », se partage en plusieurs plans. L’obsession des plans est toujours présente. Le off-shore aussi. Le capitalisme qui devient de plus en plus clandestin… Je ne suis pas anti-capitaliste mais contre le capitalisme financier représente actuellement le principal danger. Les réseaux informatiques, les plateformes de transfert de fonds, les outils ont pris le pas sur l’homme. L’art est aussi une façon de les combattre. Une Galerie comme W devient un espace médiatique. 
 
-Qu’apporte selon vous les mots à la peinture?
DR:  Les mots sont ma matière essentielle. Je peux les écraser, les déplacer, les colorer. Avec un mot, je construit un univers. Il n’y a pas forcément de signification immédiate. J’ai glissé des mots à l’intérieur des codes bancaires. J’étudie et j’emagasine beaucoup de matières avant de me lancer dans la création. Tout a un sens. Pour cette exposition, j’ai fait beaucoup d’oeuvres sur carton en petit et grand format sur lequels j’ai imprimé des listings. J’ai aussi réalisé Krac qui est un « Random polyptique ». Une oeuvre numérique complétement innovante qui s’appuie sur l’idée que la finance est anthropophage. les sociétés et les hommes se mangent entre eux… On présentera ce travail à W au vernissage. Avec Olivier Kautz, développeur, nous avons recréé des tableaux en numérique, avec une musique originale de Léo Vincent. Le résultat est hypnotique. L’univers que nous créons finit par se remplir et imploser pour renaître. Et craquer, d’où le titre  de l’oeuvre présentée à l’exposition: « Krac ».
 
-Le journalisme,  la politique, la finance font partie du monde concret. Or, l’art et la peinture, voire l écriture de romans font partie d’un monde plus abstrait. Que ressentez-vous lorsque vous créez une œuvre ?
DR: Je suis multicarte, mais la peinture a fini par prendre beaucoup de place. Le public est là, je continue sans laisser tomber le reste. Je me nourris de mon travail de journaliste. Ma phrase fétiche, celle qui résume tout pour moi est de Tom Wolfe: L’investigation est un art. Soyons des artistes…. 
« Money Time », Denis Robert
 
Galerie W, Eric Landau.
Art contemporain Paris, Montmartre et Avenue Matignon
44 rue Lepic, 75018 Paris
 
Du 7 mai au 7 juillet 2014.
 
« Une vue imprenable sur la folie du monde », aux Editions Les Arènes (Octobre 2014).  

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