
Photographe de mode et réalisatrice, Iris Brosch présente une oeuvre cinématographique exceptionnelle, « Trilogy, a Warning for the 21st Century », composée de trois chapitres : « Trilogy In Paradisum » (2003, 33’ 09 »), « Women & Nature near Extinction » (2013, 36’ 56’’), « L’Uomo, A Warning for the 21st Century » (2014, 40’ 12 »). Le monde paradisiaque est créé par l’homme. Cet instant filmé est une envolée. L’homme et la nature entrent en connexion.
Tout le travail d’Iris est basé sur la force des rapports humains. Il s’agit d’une oeuvre poétique où l’ esthétique est particulière, personnelle, unique. Le film a été projeté pour la première fois, à la chapelle de la Charité, à l’occasion de la semaine d’ouverture des Rencontres photographiques d’Arles 2022.
Iris Brosch collabore en France et à l’étranger avec différents magazines de mode, signe les photos de campagnes publicitaires, de défilés : Valentino, Campari, Vogue, Vanity Fair, Marie Claire, New York Times, Esquire et InStyle. En tant que réalisatrice, elle a tourné des films pour Chanel et Escada… De New York à Londres puis Paris, elle photographie en studio et en extérieur, choisissant souvent les décors baroques. Iris, travaillant sur des projets personnels, a donc un goût prononcé pour la création. Inspirée par le romantisme, le classicisme et la nature, elle puise ses sujets dans la culture : la peinture, la danse, la littérature, le cinéma. Ses réalisations de mise en scène de femmes ou tableaux historiques sont de réelles compositions, toutefois modernes. Elle y célèbre la sensualité féminine.
Iris Brosch participe depuis de nombreuses années à la Biennale de Venise où elle présente un travail sur les femmes et la nature.
Performences: « Requiem for woman », « Roma contemporary », « Erotic Enlightment », « Femmes fleurs for ever, Divinita »… « The World of Iris Brosch », sa chaîne de télévision.

Interview : Iris Brosch
– Quel a été le déclic pour vous lancer dans cet univers artistique, la photo, la réalisation ? Qu’est-ce qui vous passionne ?
IB : Je suis entrée dans le monde de la photographie assez tôt, j’étais mannequin. L’idée de ne pas parler, de poser simplement en étant jolie ne me suffisait pas. Pourquoi ne pas faire comme les hommes photographes ? J’ai donc eu un déclic et je me suis lancée pleinement, en autodidacte, dans la photographie. Je souhaitais faire des études d’art en Allemagne. Je n’ai pas pu intégrer l’université d’art là bas car mon approche était trop traditionnelle, basique ou simplement naïve. Je suis donc arrivée à Paris. Même problème, poser était un jeu mais il manquait la réflexion. J’ai commencé par photographier mes amies mannequins. J’avais déjà des convictions et une imagination débordante. J’ai appris moi-même, par mes erreurs. Il faut avoir beaucoup d’énergie lorsque tu te heurtes à des refus. J’y ai cru tout de même, j’ai poursuivi avec ténacité, sans prêter attention aux autres, surmontant toutes les difficultés.
– La femme, la sensualité féminine, le corps, la spiritualité…ces thèmes sont au centre de vos travaux, de votre approche de la création, de vos compositions. Quelle est votre point de vue, votre intérêt et votre idée ?
IB : Le corps humain est très important dans ce monde où le digital, la banalisation du corps, la pornographie sont très présents. Il n’y a aucun mal dans la nudité. L’être humain est ainsi. Lorsque tu montres aujourd’hui un corps nu, tu risques la censure.
Je travaille sur une redéfinition du corps féminin où l’intelligence, la puissance féminine, sensuelle et la grâce sont réunies. Le corps de la femme est beaucoup utilisé. La plupart du temps, si vous voyez une femme sexy dans la publicité vous ne pensez pas qu’elle est aussi intelligente.
Je me suis demandé comment allier les deux.
Mon intérêt est de donner de la force et du pouvoir aux femmes et aussi à leur sexualité ; nous ne devrions pas oublier que nous créons une nouvelle génération en faisant l’amour, donc il devrait être aussi dans l’intérêt de notre société et des enfants de la prochaine génération que nous ayons des idées saines autour de notre sexualité, et spécialement celle des femmes qui a la capacité de guérir notre planète.



– Avec la Trilogy, que défendez-vous? Quelles ont été les étapes de la création ?
IB : La trilogie est inspirée et structurée de manière similaire à la divine comédie de Dante Alighieri : l’enfer, purgatoire et paradisum.
J ‘ai travaillé presque 15 ans sur cette trilogie. Je commence juste à la montrer.
J’ai commencé « In Paradisum », produit en 2003.
Cela montre la capacité de l’homme à créer le paradis.
Vous voyez un grand casting de femmes et d’hommes nus flottant dans le jardin du château Viellette, où a également été filmé le célèbre DaVinci Code.
Cette production n’a pu être réalisée qu’en france, comme elle montre la liberté et la beauté de nos corps et de nos âmes.
Après ce chapitre, j’ai créé « Women & nature near extension », pièce eco-féministe fait à la Biennale de Venise, en 2013. Ce sont des tableaux vivants sur la relation entre la femme et la nature, souvent utilisées par le système masculin. La nature et la femme partage une histoire similaire de violation et d’exploitation. La nature réagit : le dérèglement climatique, la déforestation, la sécheresse…la femme aussi réagit. Les deux sont en voie de disparition. Je parle donc de respect, de fécondité, de nature et d’amour.
J’ai beaucoup travaillé sur le corps de la femme et j’ai travaillé avec ces méduses qui sortaient de la lagune de Venise. J’ai joué avec l’ambiguïté, quelque chose de repoussant et sensuelle. La femme est là pour donner du plaisir à l’homme, j’ai voulu traiter le sujet différemment.
La sexualité des femmes ne devrait pas être définie par l’homme, les femmes devraient parler leur propre langage et définir leur façon de penser ce qui leur donne du plaisir et pas seulement répondre à la fantaisie d’un homme.
« L’uomo, a warning for 21st Century » a été produit en 2014, pendant la Biennale de Venise en coopération avec OPEN 17 une exposition de sculptures et d’installations. L’uomo que vous pourriez comparer à la partie de la comédie de Dantes de l’enfer.
Je n’ai utilisé qu’un casting masculin, et quelques accessoires comme des kotekas en or, un pénis surdimensionné, traditionnellement porté par les hommes natifs de certaines tribus, comme si mon intention était de décrire le monde des hommes.
La vidéo est assez apocalyptique.

– De nombreuses collaborations avec différents magazines de mode et de nombreux projets artistiques personnels, (récemment la chaîne TV), faites-vous la différence entre les deux et en quoi ? Quels sont vos projets ?
IB: Je ne fais pas de différence entre les commandes et mes projets personnels. Je plonge totalement dans mon travail et je le fais complètement.
J’ai créé récemment la chaîne de TV , « The World of Iris Brosch », qui est distribuée par FNL Network sur Apple et Roku TV. L’idée m’est venue en pensant au monde. Nous le créons: la terre, le Vatican, Dieu, la politique, les images…tout ceci est le monde de l’homme. Aujourd’hui, nous avons Apple, Instagram et nous créons le monde, sans beaucoup plus de différences. L’image a un grand pouvoir. Dans la publicité comme dans l’art, elle montre les interactions. Tout ceci m’a poussé à créer moi même quelque chose. J’ai créé un monde féminin sur l’art, la mode et l’érotisme. Je me suis intéressée à la beauté de deux êtres ensembles, chose que l’on voit très rarement aujourd’hui. Pour cette chaîne, je recherche des partenaires et des sponsors.
« Trylogy » a été projeté pour la première fois, à la chapelle de la Charité, à l’occasion de la semaine d’ouverture des Rencontres photographiques d’Arles 2022.
Montrer ce travail dans ce lieu sacré, où toute religion peut entrer, est pour moi très important. Historiquement, la ville est riche, un passé chargé d’histoire à travers la pierre et les rencontres culturelles, avec de nouvelles influences. J’ai rencontré des gens extraordinaires là bas. J’ai ressenti une certaine liberté et humanité.
Pour les mois prochains, je prépare une photo-performance pour la ville de Troie, une ville du Moyen-Âge. J’y montrerai la ville, les anciennes manufactures, les vitraux.
Je prépare également plusieurs expositions.
J’ai travaillé cette année sur Shere Hite, une féministe américaine qui a commencé une culture révolution dans les années 70 et qui est presque oubliée maintenant. Un film va sortir prochainement, pour NBC, avec Netflix. Je monte une exposition à ce sujet.



« Trilogy, a Warning for the 21st Century »
Iris Brosch
Production Stéphane Blanc
Musique de David Vostell
Livre photographique, « Trilogy »
Feminisme, Faith and Future
Documentary of Trilogy Exhibition
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