
Artiste, photographe munichoise, Katharina Gaenssler présente « Du début à la fin » une installation éphémère sur la mémoire et le souvenir, au Goethe-Institut à Paris, dans le cadre du programme interdisciplinaire Munich Unique, du 17 septembre au 1er novembre 2021.
Katharina Gaenssler est photographe, reconnue internationalement. Du MoMA, à New York ( escalier Bauhaus, en 2015, ensemble de photos conçu spécialement pour le site , le Musée d’Art Moderne de NY), au centre d’art de Munich, elle parcourt le monde avec ses installations depuis plus de vingt ans. Elle crée des installations spatiales, des images murales et livres-objets, toujours en connexion avec le lieu de l’exposition.
1909 Tap, est un livre-objet, réalisé avec des artistes amis et designers qui ont imaginé un motif de papier-peint basé sur 24 décollages de l’installation photo 1511 (MOMA) W, en 2019 ; puis, bien d’autres œuvres phares ont été réalisées et exposées : « Echo », une installation permanente dans la collection d’Art de Munich Re (2018); l’escalier Bauhaus Dessau, New York, Tel-Aviv, une installation de photos (2016).
Pour « Du début à la fin », elle s’intéresse au travail de l’architecte du Goethe-Institut, Rainer Schell. Elle crée ensuite cette installation spatiale, présentée sous forme d’un rideau d’images multi-strates et d’une projection numérique de son propre travail artistique. Elle donne une dimension plus large au souvenir et utilise ses propres archives photographiques en récupérant certaines pièces de ses œuvres.

Interview : Katharina Gaenssler
– A quel moment avez-vous choisi de vous lancer pleinement dans le domaine photographique ?
KG : Après avoir fait des études d’orfèvrerie, j’ai découvert en 2001 la photographie comme médium. C’était d’abord le bon outil pour prendre conscience de ce que je voyaiset de la façon dont jele vivais moi-même. De plus, cela a en quelque sorte aidé à produire un flot d’images contre le flot d’images dont on était entouré. Pour moi, il était nécessaire de développer une sorte d’armeen contre. Imaginez la situation, il y a vingt ans ! J’ai été élevée dans un monde analogique. Après avoir travaillé avec des images depuis, mon matériel de base reste évidemment la photographie. Je produis des objets très différents, tels que des livres muraux, des tapis, des papiers peints, des rideaux, des revêtements muraux et récemment aussi des vêtements.
L’œuvre traite toujours plus de l’architecture et de l’espace que de l’image elle-même. Dans mon travail, une image ne vient jamais seule. J’ai toujours affaire à unequantité, un certain nombre d’images.
– Quelles sont vos influences dans votre domaine artistique ?
KG : Même si toutes les expériences, l’origine, le patrimoine, les connaissances culturelles, tout l’environnementcompte, je ne me sens toujours pas avoir d’influences ou de héros spécifiques. Ma motivation est un certain besoin intérieur de réaliser une œuvre d’art. Je m’intéresse aux œuvres d’art en tant qu‘œuvres sans compromis, évidentes, comme si elles avaient toujours étélà.
– Depuis vos premières œuvres, vous avez exposé dans des lieux connus en Allemagne et à l’étranger, comme le MOMA à New York. Vous êtes intéressée par les installations murales et livres-objets mettant l’accent sur l’espace. Comment avez-vous conçu cette œuvre intitulée « Du début à la fin » ?
KG : Je me suis simplement inspirée du travail de Rainer Schell, architecte du Goethe-Institut à Paris. Outre son travail d’architecte, Rainer Schell n’a pas seulement dessiné et peint. Il a également conçu des meubles, des vêtements et des bijoux, des textiles, des tapis et des carreaux de céramique. Il avait une large compréhension de la vie. Il se souciait aussi soigneusement de l’espace lui-même que de l’environnement des personnes qui allaient y vivre. Ainsi, en découvrant cette œuvre aux multiples facettes, j’ai eu l’idée de concevoir « un rideau dans son sens » pour ainsi dire.
– Quelle est l’idée principale de cette installation ?
KG : Lorsque Schell a décidé de mettre fin à sa carrière d’architecte après 30 ans, il a complètement détruit ses archives. Il n’a rassembléqu’une petite sélection de ses textes et dessins pour quelques amis et connaissances dans le livre « 30 Years as an Architect ». Dans l’exposition, je juxtapose ce livre avec mes propres archives. Depuis près de vingt ans maintenant, je crée des installations spatiales, pour la plupart temporaires, en explorant un lieu, son architecture et son histoire. Pour chaque projet, j’ai toujours créé une archive d’images en scannant méticuleusement un emplacement dans des milliers d’images individuelles. Dans l’installation spécifique au site du Goethe-Institut, ma presque totalité « memory » est montrée : un projet. Dans l’exposition du rez-de-chaussée, une installation multicouches présente un rideau pictural d’environ 80 mètres qui révèle plus d’un demi-million de photos. Tandis que Rainer Schell parle de se débarrasser du passé›, de le réduire, je collecte, accumule et développe, en traitant davantage la mémoire.
– Quels sont vos projets ? Expositions à l’étranger, développement d’un nouveau sujet, collaborations…
KG : J’ai plusieurs projets d’art en architecture en Allemagne en ce moment. D’autre part, je travaille sur une autre série de vêtements.

« Du début à la fin »
Katharina Gaenssler
Au Goethe Institut Paris
17 avenue d’Iena, 75016 Paris
Les Meisterschüler de Heidi Specker / ICI ET LÀ-BAS
Dans le cadre du programme interdisciplinaire Munich Unique
Du 17 septembre au 1er novembre 2021
Vernissage le 17 septembre 2021
