Le trompettiste Avishai et le pianiste Yonathan, fameux musiciens jazz, originaires de Tel-Aviv, en Israël, présentent leur nouvel album intitulé « Playing the room ». Sortie le 6 septembre 2019, chez EMC Universal.
Après avoir fait partie du groupe Third world Love, Avishai et Yonathan composent un premier album en duo, « Into the silence », en 2016, et « Cross my Palm with silver », 2017.
Leur histoire commence au lycée où les deux musiciens se côtoient et jouent déjà ensemble.
Après de nombreuses expériences avec différents groupes, ils se retrouvent à former un duo et présentent aujourd’hui « Playing the room », un album lyrique et étonnant, composé de musiques originales et de reprises.
« The Opening », ballade nostalgique, est une composition originale. « Azalea » de Duke Ellington, est une version urbaine avec une structure et une forme plus typique. « Creshent », de John Coltrane, est une version étonnante, la reprise de « Sir Duke » de Stevie Wonder, « Shir Eres », est une berceuse israélienne du compositeur Alexander Argov.
L’album produit par Manfred Eicher, littéralement traduit par « jouer en salle » est enregistré, en 2018, à l’Auditorio Stelio Molo RSI de Lugano. Le lieu donne plus de puissance à la musique que l’on peut qualifier aussi de musique de chambre.
Planante, aérienne, la musique semble raconter une histoire et transporter l’auditeur.
Interview Avishai Cohen et Yonathan Avishai:
-A quel moment la musique est-elle entrée dans votre vie ? Comment est née votre collaboration ?
YA: La musique faisait déjà partie de notre vie au collège. Nous étions dans le même environnement musical, dans des cadres assez différents. Nous avions des groupes. Ma collaboration, en tant que pianiste, dans le quartet d’Avishai produit chez EMC a convaincu le producteur de nous faire enregistrer un duo. La création de cet album a été décidée par le label.
-Que représente la musique jazz pour vous ? Comment l’envisagez-vous ou l’idéalisez-vous ?
YC : La musique de jazz procure beaucoup d’émotions. Différente des musiques traditionnelles, elle a nécessité un apprentissage. Un certain style, à un moment donné, convient à ce que l’on veut exprimer. Cela aurait pu être du flamenco si j’y avais été confronté.
Nous sommes très attachés à elle pour ce qu’elle véhicule. Lorsque l’on joue, lorsque l’on compose, nous le faisons pour la musique, pour les émotions que nous avons envie d’exprimer. Cela fait partie de notre identité. Il y a la musique, sa rencontre avec nous même, et plus tard le public. Le style est à la fois très concret et très abstrait.
AC : La musique jazz est une opportunité, une découverte de soi, un challenge pour soi même. Pour cet album, nous avons choisi des reprises de musiciens que nous aimons beaucoup et qui nous ont influencés, comme Stevie Wonder, Duke Ellington. Mais la plupart des morceaux sont originaux. Pour celui-ci, nous nous sommes concentrés sur la rencontre et la façon de jouer plutôt que sur « qu’est-ce que nous jouons ». Nous avons laissé notre émotion nous guider, et nous sommes entrés dans une sorte de méditation avant d’enregistrer. Nous avons joué sans avoir à nous concentrer sur comment faire un son. Nous sommes à la fois curieux et simples, en s’attachant à la réinterprétation d’une musique que l’on connait.
-Quel est votre processus créatif ? De quel son, quelle note partez-vous pour composer ou adapter une reprise ? Avishai, trompette, Yonathan instrument de prédilection le piano, faites-vous une place à l’improvisation ?
Yonathan : La composition vient d’une émotion. Le simple fait de m’asseoir au piano est un moteur. Je recherche une sensation dans la musique. La composition peut venir d’un son familier, d’une couleur, d’une ambiance. L’improvisation fait partie du jazz et en est l’élément principal, voire un outil de création. L’instinct est aussi à la base de la création pour ce genre de musique.
AC : Je crois aux connections à certaines périodes de la vie. Le processus créatif est de ce fait toujours différent, selon les émotions. Je bouge, je m’adapte, je vie des choses différentes. J’ai différentes opportunités de créer, la routine ne s’installe jamais. Lorsque j’ai un temps limité pour enregistrer, ma démarche est différente. Mais pour le reste, j’écoute, je laisse les idées venir au fil de mes actions, de mon ressenti. Ma vie n’est pas seulement musique, je prends du temps pour autre chose mais j’ai besoin de jouer.
-Ce nouvel album « Playing the room » est-il l’aboutissement d’un travail en duo qui fonctionne depuis des années ? Contient-il un message ?
YA : L’album n’est pas un aboutissement. Il fait partie du chemin. Il est un autre morceau du puzzle car nous travaillons chacun de notre côté mais nous sommes fiers de partager entre frères, la musique. Nous avons été réunis pour cet album par le label. Pour composer, il suffit de parler et non de jouer, c’est-à-dire d’échanger et de partager nos idées.
« Playing the room », en anglais, est un terme qui évoque le fait de s’adapter à n’importe quelle situation, à une pièce, un lieu quelque soit l’ambiance. Une situation simple, vous êtes dans un café bruyant, vous avez le choix entre ne pas jouer ou « Playing the room »…vous adapter.
Cet album est un partage, autant dans le sens du partage d’une intimité, l’amitié que dans le sens premier du partage d’une pièce pour un moment. Cela évoque le sens très simple de deux personnes qui jouent de la musique dans une pièce. L’album est une réflexion.
AV : Certaines personnes ont réagi et m’ont dit : « Qu’as-tu fait pour réaliser cet album ? Comment l’avez-vous construit ? ». Cette question est drôle. Nous n’avons rien fait de spécial, nous nous sommes rencontrés et nous avons joué.
« Playing the room »
Avihai Cohen et Yonathan Avishai
EMC jazz, Universal Music
Sortie le 8 septembre 2019
Concert, novembre 2019