Artiste plasticien, Jules Viera expose une nouvelle série intitulée, Crashitaliste(s), à la galerie Deux 6, du 19 février au 30 mars 2019.
Ce lieu est à la fois un studio de création et un atelier, dédié à la collaboration et l’exploration artistique, mêlant l’art, l’artisanat et le graphisme.
Passionné et attiré par l’art en général, Jules pratique depuis longtemps le Street Art, dans les villes d’Europe, où il dessine des visages célèbres portant des masques.
Sa particularité est de choisir des matériaux déjà utilisés qu’il refaçonne à sa manière. Il donne une seconde vie à l’objet. Ses œuvres donnent à penser. Ce sont des récits d’histoires imaginées que chacun peut interpréter à sa manière.
La matière est pour lui source d’inspiration. Il utilise le ciment, le bois, l’acrylique, le cuivre, le papier, le collage, la sérigraphie, le transfert, la résine epoxy.
A Strasbourg, il commence à travailler dans un atelier avant, quelques années plus tard, de rejoindre Paris, où il crée dans un atelier loft d’Ivry. En 2014, il réalise un reportage photographique sur le social, Crari Pari. « Where are the real heroes ? » est un premier essai de Street Art que Jules réalise en 2015. Il sera présenté par la galerie Plateforme, dans le 20ème arrondissement de Paris.
Ses travaux se classent par matériaux utilisés, dont le ciment. Les titres sont variés : « Ne vois-tu pas que je brûle ? » (2017), « Réalité virtuelle » (2017). Sur papier : « Une étoile a été brisée » (2018), « Madiba » (2017), « Comme un poisson en suspens sur la cité à feu et à sang » et, bien d’autres créations encore.
Son œuvre est imprégné de multiples courants et fait référence à différents artistes. Jules a un regard artistique sur le monde. Ses créations sont le reflet de ses pensées personnelles, de ses questionnements sur les évènements sociaux, sur la politique et l’art en général.
« Crashitaliste($) » est un regard porté sur le monde politique actuel. Il fait référence au crash, l’interruption brutale d’un système. Il y a donc l’idée d’accident, de conséquences et de fin, que l’on retrouve dans les traits et les couleurs.
Interview de Jules Viera
– Comment avez-vous commencé votre carrière artistique de plasticien ?
JV : En 2009, alors employé dans un domaine aux antipodes du milieu de l’art, je suis repéré par un organisateur de soirées privées à Strasbourg. Soirées dans lesquelles j’avais l’habitude de sortir avec un groupe d’amis et où je réalisais, à titre personnel, des photographies de ces fameuses soirées à thème tantôt trash tantôt kitsch, intitulées alors Pop Eleganz. Lorsque Reza Elahi , l’organisateur, a découvert mes photos, il m’a pris sous son aile comme directeur artistique de ses soirées pendant un an, avant de m’offrir la possibilité de débuter ma carrière d’artiste. Il m’ouvre les portes d’un atelier de 500m² en plein cœur de Strasbourg (les anciens ateliers du Printemps) pour une période de six à huit mois, à la seule condition de tout lâcher et de me consacrer à ce projet. Ce que j’ai fait aveuglément et je l’en remercie encore aujourd’hui.
-Vous pratiquez le Street art depuis de nombreuses années. Selon vous, quelle place a-t-il aujourd’hui dans le monde de l’art ?
JV : J’ai commencé le Street Art en 2014 en collant à Paris, rue des Haies dans le 20ème, un immense portrait d’Arnold flanqué d’un masque de super héros (cf : la série télévisée Arnold & Willy des années 80/90). J’ai à ce moment ressenti quelque chose de très particulier, une vibration avec la rue, les passants et les habitants du quartier, qu’aucune exposition ne permettra jamais de vivre. Le Street Art est, à mes yeux, devenu, ces dernières années, une vitrine incroyablement efficace, gratuite et sincère pour les artistes. Il permet de partager ce que l’on crée, ce que l’on souhaite exprimer, sans s’enfermer dans le cadre parfois ostracisant et élitiste des musées, centres culturels, galeries d’art ou foires d’art contemporain. De l’art accessible à tous, sans prétention d’en tirer une popularité directe. Ceux qui souhaiteront en savoir davantage sur tel ou tel artiste, feront l’effort de se renseigner. C’est ainsi que la communauté Street Art, tant chez les artistes que pour les amateurs, est devenue, ces dernières années, bien moins alternative, au grand dam de certains.
– Vous utilisez de nombreux matériaux dont le bois, le ciment… Quelles sont les étapes de création ? Choisissez-vous d’abord le matériau avant la conception (l’idée) de l’œuvre ?
JV : Je vais chercher un thème ou un sujet à traiter, je le travaille d’abord numériquement, puis j’imprime, je peins, je déchire et je transforme de multiples façons. Je fais de nombreux essais. Certains tableaux ont connu près de dix versions avant que je n’accepte d’en garder une. Le choix du matériau se fait alors dans ce chaos créatif au fur et à mesure, souvent par accident, parfois par évidence.
-Vos idées sont percutantes et révélatrices d’un regard averti sur la réalité, sur le monde actuel. Y-a-t-il un message dans le titre « Crashitaliste($) » ?
JV : Comme le disait Nina Simone : « je choisis de refléter l’époque et les situations dans lesquelles je suis. Comment être une artiste sans se faire l’écho de son époque ? ». Cette phrase m’inspire depuis que j’en ai pris connaissance, il y a plusieurs années. Actuellement, de plus en plus de voix s’élèvent contre le capitalisme et nombreux parlent d’un crash à venir dans le monde occidental. C’est de ces deux idées que je me suis inspiré pour créer le néologisme Crashitaliste($). Je ne cherche pas pour autant à m’attaquer au capitalisme, j’essaie simplement d’être le témoin de mon époque.
Crashitaliste($)
Jules Viera
Galerie Deux6
66 avenue de la Bourdonnais
75007 Paris
Exposition du 19 février au 30 mars 2019