Ce livre, écrit par Wayne Byars, danseur et professeur de danse classique, est un témoignage philosophique sur la technique de la danse classique et envisage la discipline artistique comme un exercice au quotidien, un mode de vie et de pensée.
Au-delà de la danse, Wayne insiste sur la psychologie et le développement personnel. L’esprit et le corps sont liés.
Danseur et professeur, il se forme aux Etats-Unis, à la Butler University de Chicago.
Il donne des cours à Peridance Capezio center à New York, et au Studio Harmonic à Paris.
Wayne Byars a été nommé, cette année, Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, une belle récompense qui montre son amour pour la danse, son talent.
Il cite « Il existe des raccourcis vers le bonheur et la danse en est un » Vicki Baum.
La danse devient un moyen de trouver son équilibre et la confiance en soi. Il est question de volonté et de connexion.
Interview de Wayne Byars :
-Quelle école classique défendez-vous ?
WB : Aucune, à vrai dire, j’ai commencé la danse classique, le ballet, aux Etats-Unis. J’ai été formé à l’université, à la Butler University de Chicago. Je suivais les cours de cinq professeurs issus du classique, des ballets russes, de Broadway… Chaque professeur disait détenir la vérité.
J’ai fait moi-même une synthèse de cet apprentissage si varié et si riche. Chacune des écoles propose des choses intéressantes.
Ayant reçu beaucoup d’influences, je prends ce qui est utile. Je n’enseigne ni l’école américaine, ni l’école russe mais je puise dans le tout.
Ce livre est le premier que j’écris sur un domaine que je maîtrise. Mon discours est sincère.
-Selon vous, la danse est avant tout un art, mais une discipline avec des codes. Ce livre témoigne-t-il d’une philosophie, une façon au quotidien d’interpréter le mouvement ?
WB : La danse est à la fois une discipline et un art qui nécessite une technique, sinon, il s’agit d’expression corporelle. La technique est un réel outil et permet d’arriver au stade de l’art.
Un bon danseur ne montre pas sa technique. Elle est acquise, assimilée et de ce fait dépassée. Il faut savoir l’utiliser.
Dans le studio de danse, les stimuli sont augmentés, tout est plus fort.
Le livre est un parallèle entre la danse et ce que nous rencontrons dans la vie. La danse est comme une renaissance. Nous avons tous les mêmes problèmes : l’acceptation de son corps, l’audition, l’échec, le vieillissement…
Lorsque j’ai commencé à enseigner, je voyais, dans mes classes, des visages fermés. Les danseurs classiques sont vus ainsi, il se cache derrière un visage dur, éteint, pour se protéger.
Je me suis interrogé : comment puis-je les aider ?
J’ai donc trouvé des solutions, applicables dans la vie de tous les jours. C’est une réflexion de trente ans de danse. Il est difficile de changer, de se corriger, comme dans la vie. Tout tourne autour de nos habitudes.
-Après des années de pratique, comment envisagez-vous la danse classique aujourd’hui ? Où se situe la modernité dans la technique et l’apprentissage ?
WB : Aujourd’hui la danse classique est partout, dans les salles de spectacle, dans des lieux insolites, à la télévision. Elle n’est pas une technique figée dans le temps et absorbe les tendances de chaque génération. A mon époque, ce que l’on appelait moderne paraît dépassé. Cela correspond au contemporain d’aujourd’hui. La modernité réside dans le fait que le classique continu à évoluer. Toutes les techniques sont parallèles. Le fait de le savoir et l’appliquer, fait la différence. Je regarde la personne devant moi comme un individu et non comme un simple corps.
Il faut accepter son corps. Comme aux échecs, il y a énormément de possibilités, il en est de même pour la danse et pour les êtres. Nous avons nos limites, mais nous devenons plus créatifs à la fin.
-La danse est toujours envisagée comme un langage, à quel moment selon vous fait-on la différence entre un mouvement basique et un mouvement qui respire ? La respiration donne-t-elle la force au mouvement ?
WB : Nous faisons la différence entre un mouvement bien exécuté et un simple mouvement lorsqu’il n’est pas interrompu par l’excès de tension, lorsque l’énergie passe dans toutes les articulations et dépasse le corps physique. En danse classique, on parle d’infini. Les lignes classiques doivent aller à l’infini. La respiration est importante mais ne va pas améliorer le mouvement. C’est énergétique, un tout : la circulation sanguine, l’oxygène. L’énergie doit circuler librement dans le corps. Je rejoins ici la méthode Feldenkrais, l’éducation sensorielle par le mouvement, qui permet de développer la présence à nous même à travers le mouvement.
-Que pensez-vous de l’évolution de la danse aujourd’hui ?
WB : La danse classique actuelle est encourageante. Les jeunes chorégraphes sont nombreux. Ils apportent un souffle nouveau, une énergie différente, ils sont toniques. Quelques difficultés, par ailleurs, sont à noter comme des excès de souplesse. Cela peut vite tendre au circassien et perdre le côté artistique.
Wayne McGregor, danseur et chorégraphe anglais, ne propose pas du classique pur. « Le lac des signes » est revisité mais la racine classique est à l’intérieur.
Les codes sont les mêmes mais la danse évolue. La danse contemporaine va plus loin aujourd’hui. Les danseurs se mélangent, ce qui donne des créations insolites.
« Leçons de danse, leçons de vie »,
Wayne Byars
Préface de Claire Chazal
First Editions,
Parution le 14 septembre 2017
Conseils : http//www.youtube.com/user/waynebyars