Culture Photographie

« Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes », exposition photographique de Catherine Balet

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Masters 41 : Hommage à Erwin Blumenfeld, Vogue, 1952 © Catherine Balet

 

                     Catherine Balet, artiste française, expose ses oeuvres qui ré -interprètent les plus  célèbres clichés de l’histoire de la photographie, à la galerie Thierry Bigaignon, à Paris, du 7 septembre au 29 octobre 2016.

La photographe rend hommage aux grands maîtres de la photographie en revisitant 176 ans de photographie avec son modèle Ricardo Martinez Paz. La première ébauche du projet commence à Arles, lors des Rencontres photographiques. Ricardo, styliste pour photographe, devient alors la muse et le modèle de Catherine. A 74 ans, il s’amuse à incarner un Picasso attablé en hommage à Doisneau et bien d’autres artistes. Rien ne lui fait peur et il n’hésite pas à se mettre dans la peau d’un enfant ou d’une femme avec le plus grand naturel.

Diplômée des Beaux-Arts de Paris, Catherine Balet se lance dans la peinture avant de se tourner vers la photo à la fin des années 90. Le numérique étant à cette époque en pleine explosion, elle se lance dans la technique. Inspirée par les plus grands photographes, Catherine trouve son style.

Elle met en place des projets photographiques avec des sujets liés à l’identité et l’évolution de la société:

« Identity« , première série photographique, publiée par Steidl en 2006, met en avant des lycéens dans leur quête d’identité: skateurs, rappeurs, gothiques, des portraits d’une jeunesse sensible et variée.

Sa deuxième série « Strangers in the Light » publiée par Steidl en 2013, analyse l’expression identitaire à l’ère du numérique et révèle l’étroite relation entre l’homme et la technologie. Créant des correspondances avec des oeuvres tel que « L’Olympia » de Manet…Elle compose ses oeuvres et joue avec le clair-obscur. Elle met-en-scène des familles, des couples, des amis dans des moments forts de la vie ou ce clair obscur numérique joue une place prépondérante.

Avec « Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes« , Catherine rend hommage aux maîtres de la photographie,  Man Ray , Martin Parr... Composant avec l’aire du numérique, elle crée des oeuvres modernes, originales.

Le travail photographique est de fixer un instant. Il raconte une histoire. L’image est chargée d’émotions. Dans tous les plus grands clichés photographiques, on pense aux regards et à l’attitude.

L’univers de Catherine Balet est bien encré dans la réalité.

 

Interview de Catherine Balet:

-Comment avez-vous commencé la photographie?

CB: Après avoir étudié aux Beaux-Arts à Paris, j’ai été peintre. J’ai toujours été intéressée par la photographie. Vivant quelques années avec un photographe, je suis devenue son assistante occasionnelle car je souhaitais voyager avec lui et j’ai été sensibilisée à l’univers photographique. A la fin des années 90, début 2000, je me suis lancée dans la réalisation de projets photographiques. Le fait de pouvoir contrôler son image avec photoshop m’intéresse beaucoup. J’ai trouvé à un moment que la peinture s’essouffle à cause des nouvelles technologies. J’avais envie de découvrir le monde et de sortir de mon atelier.

-L’aire du numérique a-t-elle changé votre vision photographique?

CB: L’aire du numérique a effectivement changé ma vision. C’est dans la continuité. Les outils numériques ont complètement modifié mon approche du traitement de la photo. Pour mon premier livre photographique, « Identity », j’ai réalisé la moitié de la série  de façon classique à la chambre photographique 4×5 qui produit de larges négatifs. L’autre partie a été réalisée en numérique. J’aime utiliser le moyen qui raconte le mieux ce que j’ai envie d’exprimer. Dans mon livre suivant,Strangers in the light,  il était évident, vu la nature du sujet que je devais travailler en numérique. Je voulais que le rendu ait quelque chose d’électrique. Dans la série « Looking… », le concept est d’aborder toute l’histoire de la photographie avec une approche numérique. J’ai cherché les originaux sur internet. La question est: Que devient la photo iconique? L’idée était de réfléchir à la représentation d’une même image sur le net. Parfois les traitements sur la même image sont très différents. Pour cette dernière série, j’ai shooté avec un appareil pro-numérique. Mon objectif était de tout faire avec un seul appareil et essayer de retranscrire les différentes techniques utilisées par les photographes au cours des années.

– Hommage porté aux plus grands photographes contemporains, vous accordez une place particulière à la peinture. Trouvez-vous un lien entre photographie et peinture? Avez-vous des artistes de références?

CB: Ayant une formation de peintre, j’ai plus de références dans la peinture que dans la photographie. Diane Airbus est une photographe pour qui j’ai beaucoup d’admiration. Elle a su capter avec émotion le désespoir ou l’empathie. La réalisation de cette photo, avec Ricardo, nous a beaucoup bouleversés. (Le jeune homme aux bigoudis). 

Cette série est pour moi un exercice qui m’a énormément enrichie. 

– Photographe du réel, tous vos travaux s’appuient sur des personnages, reflet de la société: religion, jeunesse, tradition…A travers ces clichés que voulez-vous montrer?

CB: Je m’intéresse à tout ce qui est nouveau. J’aime les gens,il y en a toujours dans mes photos. « Identity », publié en 2004, montre l’expression des jeunes du moment, la rébellion vestimentaire. Je m’intéresse à l’expression identitaire du moment: les filles musulmanes en recherche d’identité, la quête du passé dans les costumes régionaux, des séries que j’ai réalisé mais que je n’ai jamais publié.. La question est comment le présent évolue en référence au passé. Il en est de même dans la série « Loooking… », je m’interroge: A quoi sert le passé? Aujourd’hui dans ce flux continu d’images, la photo est devenue un vocabulaire. Tout le monde est aujourd’hui photographe. Les gens  prennent une image au lieu d’employer un mot.

-« Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes » est une idée des plus originales, comment avez-vous travaillé avec Ricardo? Complicité, échange d’idées?

CB: je connais Ricardo depuis longtemps. Nous trouvions l’idée amusante de créer un journal de bord lors de notre séjour à Arles et nous avons commencé a publier les premieres images sur Facebook. Nos amis nous ont encouragés à poursuivre et nous nous sommes lancés dans ce projet de façon professionnelle.Ricardo est styliste pour des photographes et nous avons fait le stylisme ensemble. Plus le projet avançait plus je devenait perfectionniste car à l’analyse des ces photos iconiques il semble que le moindre détail contribue à la force de celle-ci. Ricardo est un modèle engagé. Nous avons été très complices. Il a un physique particulier qui m’a beaucoup inspirée, lumineux, malléable. Solaire et charismatique, il a accepté d’interpréter des hommes, des femmes SANS TOMBER DANS LE BURLESQUE.  J’aime son énergie. En 2013, nous avons commencé à Arles à faire un carnet de bord numérique et avons rendu hommage aux photographes: Nous avions en tête depuis longtemps de rendre hommage au portrait de » Picasso »par Doisneau. Cette photo a été une des premières de notre série. Le sujet si passionnant m’a permis d’aller au bout de mon idée et réfléchir à l’évolution de l’histoire de la photographie. J’en ai réalisé au total 120 photo. Je m’étais engagé auprès de Ricardo de ne pas dépasser 100 images mais plus j’étais passionnée, plus je trouvais qu’il me manquait des Maitres importants, surtout les femmes photographes qui sont souvent sous-représentées..

-Le livre photographique, »Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes », est-il la marque de l’aboutissement d’un long travail?

CB: Très rapidement, lorsque je commence un projet et qu’il se cristallise, je pense toujours à  l’objet du  livre et créer des séquences de lecture pour structurer mon travail. La présentation chronologique des photos dans le livre s’est imposé comme une évidence. Le premier portrait de la série « Looking… » date de 1839, réalisé par Robert Cornelius. J’ai utilisé la même photo pour la dernière image de mon livre photographique qui s’inspire d’une tendance contemporaine, celle de retravailler des tirages vintages. Créant ainsi  une boucle. J’analyse depuis un moment l’évolution de la photo et ai cherché à capter les tendances photographiques contemporaines.

Car je m’interroge sur quels seront les masters de demain? Il y a tellement de photographes… 

« Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes »

Photographies de Catherine Balet avec Ricardo Martine Paz

Galerie Thierry Bigaignon

9 rue Charlot, 75003 Paris

Du 7 septembre au 29 octobre 2016

Vernissage Mardi 6 septembre 2016 en présence de l’artiste et de son modèle

Signature du livre- samedi 24 septembre de 15h à 19h

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Atelier enfants- samedi 8 octobre de 10h à 12h

Le livre publié chez Dewi Lewis a été Nominé pour le prix du livre photographique d’auteur aux rencontres photographiques d’Arles 2016

et sélectionné par Sean O’Hagan « The Photography Book of the month », The Observer, Août 2016 

Pour découvrir le livre:

http://www.thierrybigaignon.com/new-products/signed-copies-catherine-balet-looking-for-the-masters-in-ricardos-golden-shoes-ed-dewi-lewis

 

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