Photographe américain connu pour son travail sur la lumière, ses nues, expose la série « Vertical Horizon », douze clichés inédits en couleur, à la Galerie Thierry Bigaignon, à Paris, du 10 juin au 27 août 2016.
La galerie Thierry Bigaignon vient d’ouvrir et présente son premier artiste inaugurant la galerie d’art, Ralph Gibson. En effet, il y a quelques années, le photographe exposait ses oeuvres à la galerie Agathe Gaillart à Paris. Aujourd’hui la galeriste est marraine de cette exposition.
Ralph Gibson a étudié la photographie quand il faisait partie de la marine américaine, puis a étudié à l ‘Art Institut de San Francisco. Il a été ensuite assistant photographe FSA Dorothea Lange en 1961 et a travaillé avec le cinéaste Robert Frank.
Il commence sa carrière à Los Angeles en tant que photographe indépendant et publie un premier livre photographique
« The Strip ».
Ralph Gibson est Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres de la France.
Son studio est actuellement basé à New York.
Les photographies ont la particularité d’être en noir et blanc, excepté pour cette exposition. Il travaille sur les contrastes, la lumière, la mise en valeur de l’objet ou sujet. Il est qualifié de maître de l’effet dramatique surréaliste et de l’abstraction. Les images représentent des éléments géométriques ou des plans rapprochés sur des parties du corps.
« The Somnambulist » est un livre photographique, une trilogie, publié en 1970, aux éditions Lustrum Press, propre maison d’édition de Ralph Gibson. La publication de ce livre lui apporte la notoriété et lui permet d’abandonner les travaux publicitaires pour se consacrer à ses projets.
Les livres photographiques: « Déjà vu », publié en 1974, « Days at sea», « Deus ex machina », aux éditions Taschen, « Women », « Coda »…
Il reçoit un prix aux Rencontres photographiques d’Arles en 1983, pour « Syntax ».
La rencontre de Mary Jane Marcasiano, qui devient sa femme et son modèle est déterminante pour sa carrière.
Le photographe utilise un Leica, un appareil photo adapté à son style photographique. Cette habitude est quelque peu changée, comme le dit Ralph Gibson, avec l’arrivée du numérique.
« Quand je travaille en numérique, je peux décrire le même sujet mais dans un langage différent, avec une syntaxe quelque peu altérée. Mais le sujet est le même… Et au moment exact où j’ai découvert que je pouvais avoir mon « regard » en numérique, j’ai été convaincu que c’était le nouveau langage que j’avais vraiment envie d’explorer. »
Aujourd’hui, il s ‘agit de clichés inédits en couleurs, grands formats, mettant en lumière des lignes, des paysages, des sujets. Le photographe travaille en numérique mais on retrouve sa marque. Le Leica, appareil photographique, est le plus important. Le numérique lui a permis de faire des choses non réalisées avant et de voir son travail immédiatement. Ralph Gibson et Thierry Bigaignon ont choisi d’intituler l’exposition « Vertical Horizon ». La photographie est avant tout un travail technique, basée sur la lumière.
Interview de Ralph Gibson
-Comment avez vous commencé la photo?
RG: Je n’ai pas réellement décidé de faire de la photographie. J’étais dans la marine, et je me suis rendu compte que mon activité ne me plaisait pas vraiment. J’ai donc commencé à m’intéresser à la photographie. J’ai suivi des cours de photographie dans la marine américaine, une très bonne école.
-Vous maîtrisez plusieurs genres, le portrait, le nu, dans quel genre vous situez vous?
RG: Je n’ai pas de genre spécifique. J’ai des idées spécifiques sur des problèmes visuels. Parfois, je choisis de photographier des paysages, des corps, des détails architecturaux.
-Vous avez publié de nombreux livres photographiques, avec des sujets très différents, où trouvez vous l »inspiration? Pourquoi accordez-vous beaucoup d’importance à la lumière et à l’abstraction?
RG: J’ai effectivement publié de nombreux livres photographiques. La publication de mon premier livre n’a pas été facile. Mais lorsque j’étais lancé tout est devenu plus simple. J’ai créé ma propre maison d’édition Lustrum Press. L’autonomie dans mon travail est indispensable sinon je ne suis pas disponible.
Je réfléchis en permanence aux images. Je pense dans ma tête et je regarde si je peux photographier. Mes photos sont le reflet de mes idées. Que ce soit une femme, un détail architectural, un paysage, la démarche est la même.
Le contenu reste dans l’abstraction. La lumière est brillante. La plupart de mes photos sont prises en plein soleil, ce qui donne des ombres profondes par voie de contrastes.
– » Chez une femme, la beauté réside dans un champ énergétique chargé de particules lumineuses. …Les lignes d’une forme féminine reflètent toutes les situations lumineuses possibles… » pensez-vous que la lumière est plus importante que le sujet?
RG: Je pense que le corps d’une femme est le sujet le plus ancien de l’histoire de l’art. Nous avons « La Vénus de Willendorf » comme référence, elle remonterait à 25000 ans avant Jésus-Christ. La forme du corps féminin est absolue. Je me suis demandé pourquoi le nu était si fort dans l’histoire de l’art. On aime se voir dans le miroir. Quand je photographie, je réduis tous mes sujets. La proportion, la lumière, le volume, le cadre, je cherche une harmonie, une harmonie visuelle, comme dans la musique.
-Avez vous la même énergie lorsque vous réalisez un travail de commande ou vos travaux personnels?
RG: Je trouve que les travaux de commande sont plus faciles à réaliser par rapport au travail d’un artiste. La mode revient à désigner, un travail de courte durée, où il n’y a pas vraiment de liberté. Le photographe crée des images éphémères pour des magazines.
-Le titre de cette exposition « Vertical Horizon », en quoi est-il représentatif de ces images?
RG: Au début, le titre était « Vertical Landscape ». Thierry m’a proposé de changer et d’un commun accord nous avons choisi « Vertical Horizon ». Les images exposées sont très récentes. 99% de mon travail est vertical. Aujourd’hui, nous passons de plus en plus de temps devant un ordinateur. Toutes les proportions sont horizontales. Mais à New York, tout est vertical. Je suis entouré par la verticalité.
Je ne donne pas d’explication à mes images. La photographie est en soi sa propre définition.
« Vertical Horizon »
Exposition photographique de Ralph Gibson
A la Galerie Thierry Bigaignon,
Hôtel de Retz, 9 rue Charlot, 75003 Paris
Du 10 juin au 27 août 2016,
Vernissage jeudi 9 juin 2016
http://www.thierrybigaignon.com