La galerie Madé présente du 12 mai au 27 juin 2015 les oeuvres de Benoit Pailley , photographe qui travaille Entre Paris et New York,. Le thème du Temps est abordé dans trois séries photographiques: «To be Prusse”, “Still Life” et le projet “Bergson’s sugar-2 min34″.
Conception et création
Benoit Pailley imagine un travail sur le temps, le temps mort. Il réalise des expériences scientifiques physiques pour mieux prendre conscience de la notion de temps. Les supports varient, tantôt photos, installations ou vidéos. ” Two minutes late“ est sa deuxième exposition à la galerie Madé à Paris. Passionné par l’art contemporain, l’objet est au premier plan.
Trois séries
“To be Prusse”, bleu de Prusse, représente la non-existence, le temps mort. L’oeuvre est réalisée avec des pigments bleus de Prusse. Ce sont des photos familiales retravaillées. Benoit Pailley découpe lui-même sa propre silhouette. Il remplit l’espace vide par le pigment. L’artiste fait l’expérience du temps.
Une série originale “Still Life”
L’objet est au centre de l’oeuvre. Il occupe l’espace. “Still Life” , la deuxième série, en est l’exemple même. La composition est simple, un fruit est au centre de l’image, le fond est sombre. Le fruit est oxydé, laissant place à la décomposition. On aperçoit au second regard une partie de l’élément organique sans oxydation apparente. Deux temps différents se conjuguent.
“Bergson’s sugar-2 min34″, est le titre de la vidéo, diffusée à la galerie. La vidéo montre le temps écoulé, le morceau de sucre se dissout lentement dans l’eau. Benoît Pailley fait l’expérience du temps en se servant d’élément du quotidien.
On retrouve dans les différents travaux des natures mortes, des plans simples. Le temps est redéfini au travers d’une déconstruction de structure. L’existence humaine est ainsi conditionnée par la loi du temps. Il fait un constat sur le temps et l’existence. Benoit nous le montre dans les trois séries exposées.
Photo: « To be prusse »
Interview:
-Quels sont vos débuts photographiques?
BP: Autodidacte, j’ai appris la photo sur le terrain. Lorsque je suis arrivé à Paris, à 19 ans, j’ai assisté différents photographes. Dans les travaux entrepris avec chacun, le thème de la nature morte revenait parfois. Les travaux pouvaient être des décors de plateau ou des travaux plus artistiques personnels des photographes. J’ai donc su rapidement que cela me plaisait. Assistant du photographe François Halard à New York, j’ai vraiment découvert l’art contemporain à cette époque. C’est à ce moment là que j’ai commencé à réaliser mes propres installations.
-Qu’est-ce qui vous attire dans l’art contemporain?
BP: Le résultat de ce que je fais s’inscrit peut-être dans un mouvement d’art contemporain. Mes idées peuvent parfois sembler farfelues. La véritable part de création est le premier jet. Il faut ensuite donner vie à cette idée. Comme un délire, une pulsion, je part d’une intuition et je travaille autour jusqu’à lui donner forme. Pour créer, il faut se perdre. Le moment de création m’appartient. Le temps ralenti. Je retrouve le calme. A la manière du peintre Pollock qui réalise une oeuvre comme une chorégraphie, le pinceau ne touche jamais la toile. Il fait une chorégraphie du mouvement. L’important est la manière de faire et le résultat. Dans son travail, le peintre a trouvé une certaine sérénité. Ma démarche est la même. La création est un moment spirituel. A la recherche du silence perdu.
-Comment avez vous trouvé les différents thèmes de vos séries ? Que voulez-vous montrer à travers cette recherche sur le temps?
BP: Tous ces projets ont commencé lorsque je réalisais un projet sur le temps. l y a 4 ans. “Anti-memory” est une de mes créations. L’idée était de vider mes tiroirs des différents documents et archives de mon passé. Ce projet prêt à être publié et montré, m’a donné l’idée de travailler sur le temps. Je me suis donc lancé dans une nouvelle création. J’ai récupéré des photos de moi et j’ai mis du bleu de Prusse. Après de nombreuses recherches, je suis arrivé à ce projet au sujet de temps. J’ai donc relié mes idées : le temps, la seconde, le bleu de Prusse. C’est le système triangulaire.Chacun a une raison d’être. Pour “To be Prusse” , je me suis extrait du cadre, le bleu de Prusse représente le non-temps, les radiations de cesuim absorbées par le bleu de Prusse. C’est pourquoi je me suis extrait de la photo. Dans cette démarche, il y a la notion d’être et temps.
“Si je ne suis plus dans la photo, on pourrait imaginer que le temps est mis en doute”.(Heidegger)
-En vous servant de photographies familiales, quel est votre technique pour réaliser des oeuvres aussi originales?
BP: Pour ” To be prusse” jai imprimé des photos de mes archives en noir et blanc. J’ai découpé au scalpel la forme de mon corps, puis sur un fond blanc, j’ai mis du pigment bleu de Prusse. J’ai remis la photo que j’avais découpé par dessus et j’ai photographié le tout.
“Still Life”, ce sont des fruits que j’ai laissé s’oxyder, recoupant au moment de la prise de vue une partie d’un des fruits pour laisser une partie fraîche apparaître, un temps 0. Par exemple, la banane est coupée en 7 morceaux, référence aux 7 jours de la semaine. Il y a toujours un rapport au temps dans mes travaux.
“Bergson’s-2 mns 40″, pour ce projet je me suis inspiré de l’idée de Bergson’s: il faut attendre que le sucre fonde. J’en ai donc fait l’expérience. Dans les photos que j’ai tiré de cette expérience, il y a la notion de silence, d’espace vide. Le temps est arrêté. Une raisonnance se crée entre l’objet du centre et l’espace vide autour de lui. Un moment calme et silencieux.
” Two minutes late”
Du 12 mai au 27 juin 2015