Dans le cadre du 3e festival photographique Saint-Germain-des-Près, différentes expositions sont organisées sur le thème «Visages et corps» du 6 au 23 novembre 2013.
Le visage et le corps se prête au jeu photographique, révélateur de mode de vie et d’appartenance. Il s’agit donc de portrait, d’autoportrait, de nu, de photographie d’archives…
Denis Rouvre expose ses oeuvres à la galerie Helène Bailly.
Une exposition à thème: la série Kanak
Le photographe Denis Rouvre a choisi un thème bien précis sur le voyage, notamment sur son dernier voyage en Nouvelle Calédonie où il séjourna dans une tribu, en immersion totale, invité en résidence par le Centre Culturel Tjibaou de Nouméa. Il a rencontré et photographié treize tribus. Les clichés choisis sont principalement des portraits des hommes et des femmes et des paysages.
L’expérience est très enrichissante et le thème abordé éveille notre curiosité: des tribus avec des chasseurs, des pêcheurs, des femmes, des enfants, des coutumes…
«kanaka» en hawaien signifie «homme libre».
Le photographe à travers ses tirages traite le thème de la liberté
L’émotion réside dans le regard. Ces hommes sont marqués. Leur regard est à la fois dur et attendrissant. Il y a ce réel mélange dérangeant et bouleversant pour le spectateur. On imagine alors une vie différente la vie occidentale, des coutumes et des traditions divergentes. Le spectateur est de ce fait contemplatif, curieux et interrogatif.
La découverte d’un peuple, d’une terre par la photographie, saisissant l’instant, est sublime.
L’effet du portrait couleur sur le spectateur est troublant. Une force se dégage des photographies. Il y a une puissance dans le regard. Comme si la personne photographiée nous racontait. Toutes les émotions se croisent: tendresse, peur, angoisse, surprise, désespoir, plénitude…puis le thème de la vieillesse est assez saisissant.
Interview: Denis Rouvre.
-Comment avez-vous commencé la photographie?
DR: J’ai commencé la photographie à l’école. J’ai suivi des cours à l’école Louis Lumière, en 1988. Puis j’ai constitué mon propre book en photographiant des amis, des connaissances, des gens que je rencontrais.
Plus tard, j’ai commencé à travailler pour le journal « Libération », et différents magasines. Mais l’équipe du journal « Libé » m’a donné ma chance, ils m’ont confié différents travaux. Tout s’est ensuite enchaîné.
-Vos choix artistiques et le genre de photographies ont été une évidence?
DR: Cela fait plus de vingt ans que je travaille. C’est un cheminement. Le portrait m’a toujours attiré et je m’y suis très vite intéressé. J’avais besoin d’une rencontre à l’époque. Aujourd’hui je suis intéressé par les héros contemporains, par l’individu. C’est pourquoi je photographie des lutteurs sénégalais, des sumos ou encore les rescapés du Tsunami… Les sujets sont variés. Je travaille en priorité sur les gens qui prennent leur destin en main. Ils représentent pour moi l’image du héros contemporain. Le héros d’aujourd’hui se donne la possibilité de décider de sa propre destinée et de la destinée du monde.
Le reste de mes travaux sont pour la plupart des travaux de commande comme le Festival de Cannes ou les portraits de célébrités. Ce travail de commande ne s’inscrit pas dans mon travail personnel.
-Avant la série « Kanak », sur les êtres et le voyage, portraits et paysages, avez-vous travaillé sur un sujet aussi passionnant?
Chaque sujet est passionnant. La photo est une aventure merveilleuse, étonnante. Je vis moi même la rencontre et je l’a partage en fixant l’instant.
-En tant que « portraitiste » quelle est votre technique? la puissance du regard est évidente dans vos photographies, est-ce voulu, travaillé?
DR: Oui, j’épure au maximum mes photographies. J’essaye de les décontextualisées, de les rendre intemporelles, pour mettre en évidence le personnage. Cela passe forcément par le regard. Je travaille en couleur.
La photographie est la proposition de la vérité. La couleur est ce que je vois. Il n’y a rien de plus vrai. Je fais plus un choix artistique que technique.
-Durant les 3 semaines passées dans les tribus, avez-vous un souvenir mémorable?
DR: D’une manière générale, j’ai été touché durant le voyage en Nouvelle Calédonie par le mode de vie des différentes tribus, par le rapport des Kanaks à la terre. Ils ont un rapport au sol particulier ainsi qu’aux éléments naturels qui constitue leur environnement naturel. Ils sont très souvent pieds nus. Ils ont un contact direct et charnel avec le sol.
HELENE BAILLY Gallery
38 rue de Seine, 75006 Paris
Tél:+330143260135
Vernissage le 6 novembre 2013, de 18h à 22h.
« Kanak »