
Wassim Soubra, pianiste libano-francais a trouvé son style en un savant mélange de musique occidentale et orientale. Fort de ses expériences, il présente aujourd’hui son nouvel album, « Il Vento », accompagné de ses musiciens. Entre jazz, classique et musique du monde. Sorti le 13 juin 2025 (en digital). Label Il Vento Production.
Wassim Soubra est originaire du Liban. Le piano est son instrument fétiche.
L’album « Bach to Beirut » est sorti en 2006. Puis, il compose un album pour piano « Sonates Orientales ». Il joue sur de grandes scènes à Paris, Londres, Rome, Bruxelles, Montréal, Beyrouth…L’album « Dunes », un duo avec la chanteuse de jazz canadienne, Sienna Dahlen, en 2011, connait un vif succès.
Il enchaîne avec « Adonis », Opéra oriental, en 2014. « Chaque année, renaît dans les eaux du fleuve » est créé au siège de l’Unesco à Paris, puis présenté au Liban dans le cadre du festival international de Baalbeck; en 2020, le clip « Femmes de mon pays ».
Pour ce nouvel album, Wassim est accompagné par Julie Sevilla-Fraysse au violoncelle, Henri Tournier à la flûte et Khaled Al-Jaramani au oud.

Interview : Wassim Soubra
Le piano est votre instrument de prédilection, à quel moment avez-vous commencé ?
WS : J’ai commencé le piano à l’âge de cinq ans. Né à Beirut, la guerre a éclaté et j’ai dû interrompre mon apprentissage. J’ai repris ensuite en suivant des cours à l’école, puis au Conservatoire de Boston et enfin à l’École Normale de Paris, la Schola Cantorlum.
Le premier projet musical a été fait avec deux de mes amis, sénégalais et arménien. Nous avons formé le trio Rhéa. « Back to Beirut » est l’album que nous avons composé. Ainsi, j’ai poursuivi mon ascension musicale jusqu’à aujourd’hui.
Votre musique emprunte différents genres, comment la définiriez-vous ?
WS : J’utilise beaucoup le contrepoint pour cette musique. Elle est à l’origine pour quatuor, violon, violon alto, premier violon et second. Elle est purement classique. Tous les instruments ont un rôle premier. Cela correspond à mon désir de réunir les instruments sur un pied d’égalité. Par la suite, j’ai adapté cet album pour une instrumentation en accord avec notre époque. J’ai choisi d’y mettre le piano, la flûte et le oud. Ce dernier y apporte une couleur orientale, comme la structure des mélodies avec l’utilisation de la seconde augmentée et des rythmes orientaux. La répétition est également un procédé que j’utilise. À chaque répétition, il y a des variations qui provoquent un effet envoûtant de la musique sans pour autant être ennuyeuse car de nombreux détails changent. La répétition est caractéristique de la musique orientale. Elle apaise l’auditeur. Comme le soleil, nous avons envie de le voir chaque jour. Il est partout différent. Le lever du soleil chaque jour est rassurant.
« Il Vento », votre nouvel album, comment l’avez-vous composé ? À quoi fait-il référence? Y-a-t-il un message ?
WS : Oui, le message est en relation avec » Qu’est-ce qu’une identité ? ». Je suis parti de mon expérience personnelle. La définit-on par rapport à notre passé ou à notre futur ? Cela crée culturellement des violences. Nous excluons l’autre dans le passé. Nous assistons à ces problèmes identitaires. Chaque groupe pense qu’il est le meilleur
La construction des identités, à notre époque, est basée sur des éléments très subjectifs. Ce qui crée des tensions. Dans « Il Vento », on est sous un arbre, on entend le vent. Cette sensation nous ramène à un présent et nous permet d’avoir une ouverture vers le lieu dans lequel nous sommes. Nous ne savons pas d’où vient le vent mais il est là et nous apporte beaucoup d’informations. Ce processus est très actuel. C’est une façon de contrecarrer la violence qui résulte de cette notion d’identité exclusive. Tel est mon combat, ma façon d’agir dans la cité contre ces violences et l’exclusion.
« Alizé » est la célébration du vent. Il y a de la joie.
Pour le titre, « Anima », j’ai écrit ces lignes :
« Il Vento sospuro, une larme coule sur ton âme ». L’âme est imperturbable. Elle est comme un miroir sur lequel glisse des gouttes et laisse à refléter. Écouter l’âme nous donne cette force de continuer à avancer et surtout à chanter. Le poète Khalil Gipnan a écrit « Dans le chant réside le mystère de la vie. » ( Extrait, « Le prophète »).
L’important est de chanter. Les musiciens avec qui j’ai travaillé sont très bons et se sont des compagnons avec lesquels j’ai vécu un chemin.
Quels sont vos projets ?
WS : Des concerts sont prévus prochainement à Clamart, puis à l’église Saint Julien le pauvre et enfin au Festival de musique Les Suds en Arles.
Cette musique va être éditée par la maison d’édition Lacroch. Les partitions seront publiées et distribuées.


« Il Vento »
Wassim Soubra
Sorti le 13 juin 2025 (en digital)
Label Il Vento Production
En concert privé le 28 juin 2025 à Meudon

